Les hommages se multiplient suite au décès de Jean-Pierre Bonnac. Toute la profession souligne les qualités humaines et professionnelles de ce grand maître de l’optique qui a su transmettre sa passion et ses savoirs. « Je garde le souvenir d’un homme charmant, courtois et dévoué avec qui j’ai eu grand plaisir à travailler », témoigne Yves Pouliquen, médecin-ophtalmologue, membre de l’Académie nationale de médecine et membre de l’Académie Française. « C’était une personne engagée. Son dévouement pour la profession était exemplaire », complète l’opticien Laurent Galinier basé à Coulommiers.

Jean-Pierre Bonnac a révolutionné les lunettes pour enfants

En se penchant sur le parcours de l’homme, on mesure mieux à quel point il a fait évoluer la profession et combien ses apports restent présents aujourd’hui encore. Les travaux qu’il a menés et les innovations qu’il a développées sont légion. Ces avancées font partie du quotidien des opticiens sans que ces derniers en soient toujours conscients : échelles d’acuité, nez silicone, basse vision… Dans tous les domaines, ce « travailleur acharné » a œuvré pour l’excellence de notre profession. « Il a été un précurseur dans bien des domaines et a toujours travaillé au service des patients et des clients », souligne Geneviève Prévost, ingénieure conseil en ergonomie visuelle.

« Il a inventé des tests de vue pour les enfants », fait savoir Gilles Combalat qui l’a connu à Marseille. « Je l’ai rencontré alors que j’effectuais une mission auprès de mon oncle, le Pr Bérard, strabologue. Je pensais faire médecine à Marseille, il m’a convaincu de m’orienter vers l’optique et j’ai suivi mes études à Lille ! », se rappelle-t-il avec émotion. Pour les enfants, Jean-Pierre Bonnac a adopté une approche différente, convaincu qu’une monture enfant n’est pas une monture adulte en miniature. C’est ainsi qu’il a créé la première collection de montures optiques pour les 6 mois – 8 ans. « Un enfant n’a pas de racine nasale, son monde est vers le haut… A partir de ces constats, il a mis au point une monture FL qui respecte la morphologie des plus jeunes et couvre bien le champ de vision », explique Gilles Combalat, opticien à Saint-Germain-en-Laye. « Les verres progressifs positionnés très haut, les double foyers à grand segment, le pont surbaissé… Jean-Pierre Bonnac en est à l’origine », confirme Hervé Belbeoc’h, opticien à Vannes, qui a notamment beaucoup voyagé avec Jean-Pierre Bonnac.

Former et rapprocher les professionnels de la vue

Très curieux et à l’écoute des nouvelles techniques, Jean-Pierre Bonnac s’est enrichi des savoir-faire développés à l’étranger. « Pour la basse vision, il s’est inspiré de ce qui se faisait en Allemagne et a inventé beaucoup de protocoles qui sont toujours d’actualité », relate Hervé Belbeoc’h.

Egalement soucieux de transmettre, c’est lui qui a créé l’Académie Georges Lissac où des générations d’opticiens ont été formées. « Sur les 10 à 15 dernières années, il s’est consacré à la formation des élèves opticiens et des élèves orthoptistes », ajoute l’opticien de Vannes. « Jean-Pierre Bonnac a été l’artisan majeur du rapprochement entre opticiens, ophtalmologistes et orthoptistes », souligne Yves Pouliquen. Sans doute l’une des raisons qui expliquent que Jean-Pierre Bonnac ait été l’un des seuls opticiens membres de la Société Française d’Ophtalmologie ! « C’était quelqu’un qui savait rassembler et qui était ouvert à toutes les autres professions », estime Bruno Delhoste, opticien dans les Pyrénées-Atlantiques, qui insiste aussi sur l’homme qu’était Jean-Pierre Bonnac : « C’était la personne qui l’intéressait et il était toujours très attentif à son patient et son bien-être ».

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Générosité et ingéniosité, deux traits marquants

Dans un registre plus anecdotique, mais révélateur de la générosité et du génie de l’homme, Gilles Combalat affirme : « S’il avait vendu tout ce qu’il a inventé, il aurait été très riche. Mais il donnait tout ». « Jean-Pierre Bonnac voulait transmettre, faire avancer notre profession et surtout que nos métiers ne soient pas aux mains des marchands du temple », ajoute Hervé Belbeoc’h.

Ceux qui ont eu la chance de croiser Jean-Pierre Bonnac savent qu’il portait toujours une paire de demi-lune. « Je vais vous avouer un secret : c’était une paire de demi-lunes progressives ! », confie Gilles Combalat.

La profession vit une grande perte avec la disparition de Jean-Pierre Bonnac. Vous avez été nombreux à nous faire part de votre tristesse et à témoigner de votre admiration pour le travail accompli par Jean-Pierre Bonnac.

Ses obsèques seront célébrées lundi 27 avril à 13h au Crématorium de Saint Ouen l'Aumône, 35 Avenue de Verdun. Jean-Pierre Bonnac ne souhaitait ni fleurs, ni couronnes, mais sa famille précise qu’un don peut être fait, en son nom, aux Restos du Cœur ou à la Croix-Rouge.

 

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