O. Prenat, Directeur Adjoint de l'ICO : ‘La taxe d'apprentissage est un investissement sur l'avenir du métier'

Si vous employez au mois un salarié, vous devez verser votre taxe d'apprentissage, avant le 28 février, au centre d'apprentissage de votre choix. A quoi sert cette taxe ? Quel est l'avenir de l'apprentissage dans notre secteur ? L'éclairage d'Olga Prenat, Directeur Adjoint de l'Institut et Centre d'Optométrie de Bures-sur-Yvette.

Acuité : A quoi sert la taxe d'apprentissage ?
Olga Prenat : Cette taxe permet d'investir sur la formation des futurs collaborateurs. Elle est la principale ressource pour l'achat du matériel pédagogique et le financement des formations en alternance par apprentissage. Par exemple, à l'ICO, nous allons acheter, en 2010, 2 meuleuses automatiques, 8 meuleuses manuelles, 30 000 verres et 5000 montures d'exercices, 6 sièges de réfraction, 1 auto-réfractomètre... Grâce à cette taxe, nous pouvons garantir une formation des opticiens en phase avec les besoins et attentes de la profession : de jeunes diplômés opérationnels tout de suite sachant travailler sur le matériel récent et présent dans les magasins d'optique. Elle permet également de financer les frais de scolarité des apprentis.

A. : Quels sont les atouts de l'apprentissage en optique ?
O.P. : Ils sont nombreux. En recrutant un apprenti, l'opticien bénéficie de l'exonération des charges patronales, d'une prime de région allant de 1 200 à 1 500 euros, et d'un crédit d'impôt de 1 600 euros par année de formation. De plus en 2009-2010, une prime de 1800 euros est versée à l'employeur pour l'embauche d'un apprenti supplémentaire. Grâce à ces aides incitatives, l'apprenti trouve facilement un employeur, et il touche un salaire durant sa formation. Après l'obtention de son diplôme, il est immédiatement opérationnel, et donc plus facilement employable. Ainsi, pour certains employeurs, l'apprentissage devient une véritable politique d'embauche. Avec la crise économique, ce mode de recrutement est d'autant plus plébiscité qu'il offre une sécurité à l'employeur.

A. : En France, l'apprentissage continue malgré tout d'avoir l'image d'une formation au rabais...
O.P. : Cette image est en complet décalage avec la réalité. Le taux de réussite au BTS de nos apprentis (81 %) est quasiment le même que celui des élèves ayant suivi leur scolarité à plein temps (82 %), d'ailleurs largement supérieur à la moyenne nationale (60% au niveau national, ndlr). Sur deux ans, les apprentis ont 1 350 heures de cours, contre 1 100 heures pour les contrats de professionnalisation, auxquelles s'ajoutent 1 900 heures en magasin. 100% de nos apprentis diplômés en 2009 ont trouvé un emploi immédiatement, et ils touchent en moyenne 110 euros par mois de plus que les autres jeunes diplômés.

A : Quels conseils donneriez-vous aux opticiens qui s'apprêtent à verser la taxe d'apprentissage ?
O.P. : Je souhaite leur dire qu'il est important de ne pas oublier cette taxe, et de la verser à un organisme qui saura l'utiliser pour offrir à ses apprentis du matériel de dernière technologie et un vrai suivi pédagogique, avec des enseignants qui exercent le métier. C'est cela qui déterminera le professionnalisme des opticiens de demain.