Face à la crise persistante des déserts médicaux, le gouvernement Bayrou a dévoilé ce vendredi 25 avril un « pacte de lutte » avec la « solidarité territoriale » au cœur de sa stratégie.
La mesure phare : contraindre l'ensemble des médecins, généralistes et spécialistes, à assurer jusqu'à deux jours de consultations par mois dans les zones les plus sous-dotées.
Cette annonce intervient à quelques jours d'une grève nationale illimitée des médecins, prévue pour le 28 avril, qui dénoncent l'approche jugée coercitive de la proposition de loi Garot. Dans cette dernière, un article controversé - le premier - visant à réguler l'installation des médecins en France a été adopté par l'Assemblée nationale le 2 avril 2025, ce qui a provoqué la mobilisation des professionnels de santé.
Si le gouvernement s'est opposé à cette proposition de loi, le Premier ministre François Bayrou, en déplacement dans le Cantal avec 4 autres ministres (Santé, Accès aux Soins, Enseignement Supérieur, Ruralité), a insisté sur la nécessité d'une action « vigoureuse » et « urgente ». Mais il n'exclue visiblement pas non plus d'avoir lui aussi recours à des mesures coercitives (bien qu'il annonce être contre) dans le plan qu'il a dévoilé.
Il estime que cette nouvelle « mission de solidarité territoriale individuelle » , qui devrait entrer en vigueur dès 2025, pourrait générer jusqu'à 30 millions de consultations annuelles supplémentaires dans les zones critiques.
Objectif : «régler la situation de zones rouges en deux ans ».
Les mesures principales de ce plan :
- Solidarité territoriale obligatoire : tous les médecins, généralistes et spécialistes, devront assurer jusqu'à deux jours de consultations par mois dans les « zones rouges » identifiées par les ARS ;
- Contreparties financières et sanctions : des incitations financières sont prévues pour les médecins participants, et des pénalités pour ceux qui refusent ;
- Cartographie des « zones rouges » : les ARS établiront une liste précise des zones prioritaires d'ici fin mai ;
- Mobilisation des docteurs juniors : les internes en médecine générale seront déployés dans les zones sous-dotées ;
- Incitation aux études de santé en zones rurales : encouragement des jeunes locaux à se former dans le domaine médical ;
- Stages obligatoires en zones sous-denses : les étudiants en médecine devront effectuer des stages dans ces zones ;
- Révision du « numerus apertus » : mise en place d'un nombre minimal de places à ouvrir en première année d'études de santé ;
- Simplification de l'accueil des médecins à diplôme étranger : réforme des épreuves de vérification des connaissances.
Plusieurs mesures concernent les opticiens, à découvrir ici.
Chez moi, il y avait 5 médecins. Un a craqué après le COVID, deux partent en retraite à plus de 75 ans, et un seul arrive pour remplacer. Les trois restants tiennent à peine, et deux menacent de partir si la commune ne trouve pas deux remplaçants rapidement. Résultat : ça fait des plannings intenables, des patients sans médecin traitant, et une vraie angoisse pour se soigner.
Alors oui, obliger tous les médecins à donner deux jours par mois dans les zones rouges, ce n’est peut-être pas parfait, mais au moins c’est concret. Et si ça peut faire bouger les lignes avant qu’il ne reste plus personne, tant mieux. Parce que pendant qu’on débat de “coercition” ou pas, des gens renoncent à se soigner tous les jours.