Damien Miglietta, le « fou des lunettes », lance sa franchise Désir d’y Voir. Interview...

Damien Miglietta est connu dans sa région pour être l'opticien au tuk-tuk. Il circule toute l'année avec son triporteur, sa marque de fabrique customisée pour partager sa passion.

« Je vis lunettes, je mange lunettes, je dors lunettes ». Damien Miglietta se définit lui-même comme un « fou des lunettes ». A 31 ans, ce passionné est déjà propriétaire de 2 magasins, sur Bordeaux et Mérignac (33). Pour 2017, il se lance un nouveau défi : développer sa propre franchise. Rencontre...

Acuité : Comment êtes-vous arrivé dans le secteur de l’optique ?

Damien Miglietta : J’ai commencé dans l’optique en 2004, un peu par hasard. Je faisais partie d’un club de foot dont le sponsor était un magasin Optic 2000. On m’a proposé un job dans cette enseigne et là, j’ai eu le déclic ! J’ai donc passé un CAP monteur-vendeur avec Audioptic en 2006, puis continué mes études en BTS OL à l’ISO Toulouse, le tout en alternance. Mon diplôme en poche en 2008, je me suis installé sur Bordeaux et suis devenu professeur de prise de mesure et atelier à l’ISO tout en travaillant pour un indépendant positionné haut de gamme.

A. : Quand avez-vous décidé d’ouvrir votre propre magasin ?

D.M. : Avec ma femme, qui est aussi opticienne, on a eu envie de se différencier, de proposer quelque chose d’original à nos clients. On a donc ouvert notre 1er point de vente Désir d’y Voir sur Merignac en 2011. Très vite, notre concept a cartonné et on a ouvert notre 2ème magasin dans le centre de Bordeaux en 2013.

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Désir d'y Voir organise régulièrement des soirées autour de marques créateurs. 

A. : Quel positionnement avez-vous adopté et quel est le concept ?

D.M. : On a opté pour un positionnement moyen / haut de gamme avec des produits originaux et des services inédits, comme la restauration ou le recyclage de montures. Avec l’ouverture du 2ème point de vente, on a même pris un tournant, celui d'opticien lunetier créateur, pour la fabrication de modèles uniques. Depuis, on crée des lunettes hors du commun, qui ressemblent à leurs porteurs. Par exemple, pour un plombier, j’ai fait des lunettes avec des coudes de cuivre. Pour les fans de rugby, j’utilise les revêtements des ballons Gilbert. Dernièrement, j’ai conclu un partenariat avec une personne qui transforme la peau de poisson en cuir, pour recouvrir l’acétate. Pour Noël, je me suis également associé avec un chocolatier, Luc Dorin, pour créer une collection de mini-faces de lunettes en chocolat pour accompagner le café.

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Création de monture en ballon de rugby.

A. : Quels sont vos projets de développement pour 2017 ?

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Espace enfant Désir d'y Voir

D.M. : On nouera de nouveaux partenariats pour surprendre toujours plus nos clients. Mais surtout, suite à la demande de quelques opticiens de la région, on a décidé de développer notre franchise. Un 3ème magasin Désir d'y Voir ouvrira ses portes dans le bassin d’Arcachon en février prochain. Un autre à Toulouse dans le courant de l’année. L’objectif est d’avoir un point de vente dans chaque grande ville de France, sur laquelle le franchisé gardera l’exclusivité de la zone. Et d’ici fin 2017, on espère ouvrir en Asie et aux USA.

A. : Quelle est votre conception du métier d’opticien ?

D.M. : Les Français reviennent de plus en plus au commerce de proximité, attachés à l’artisanat. J’aime ce côté « maître artisan lunetier ». Les opticiens ne sont pas de simples vendeurs de lunettes. Il est essentiel de penser d’abord à rendre des services à nos clients avant de penser à vendre quoi que ce soit, satisfaire les porteurs et ils reviendront. Il faut leur montrer ce qu'on est capable de faire. D’ailleurs dans nos magasins, l’atelier est ouvert. Les clients peuvent assister et faire le montage de leur équipement. On a aussi créé des ateliers pour enfants. A partir d’un kit prédécoupé,  ils fabriquent une paire de lunettes, la ponce et la customise.

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Chaque samedi, des ateliers enfants pour créer et customiser une monture.

A. : Comment travaillez-vous avec le client ?

D.M. : Notre mot d’ordre, c’est le service ! On a d’ailleurs été récemment récompensé par les Etoiles du commerce et de l’Artisanat de Bordeaux, comme Coup de cœur du jury. Le temps passé avec le porteur, de 40 à 50 minutes pour chaque client, est un investissement. On reçoit également beaucoup sur rendez-vous. Ils apprécient d’être chouchoutés. On prend aussi le temps de leur expliquer qu’on ne travaille pas avec les mutuelles, qui imposent les prix et la qualité. A 99%, ils comprennent.

A. : Quels sont vos résultats sur 2016 ?

D.M. : Dans nos magasins, un salarié fait environ 300 000 euros de vente, avec un panier moyen 520 euros en unifocaux et 780 euros en progressifs. Depuis janvier 2016, on observe une progression de 22% du chiffre d’affaires par rapport à la même période en 2015. Cette année, on ressent vraiment l’effet de mutation avec le positionnement créateur. Et on ne compte pas s'arrêter là !

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Création de monture en disque vinyle.