Après avoir interrogé l’ensemble des dirigeants d’enseigne, nous faisons un tour d’horizon des centrales d’achats en cette période post-confinement. Christian Rothacker, président de Groupe One, a répondu à nos questions.

Acuité : Comment s’est déroulée la reprise pour vos adhérents ?

Christian Rothacker : Les résultats sont bons, même si nous sommes en deçà de ceux réalisés l’année dernière à la même période. Un des facteurs à prendre en considération : le retard dans les livraisons de verres, qui crée une forme de décalage. La mise en route nécessite forcément un peu de temps. Mais, le flux de clients est rassurant à l’heure actuelle pour tous les acteurs du marché.

A. : Quelles mesures avez-vous prises pour faciliter le redémarrage de l’activité ?

C. R : Nous avions bien préparé nos opticiens en étant proche d’eux durant la période de confinement. Des kits de protection incluant masques, visières, gel hydroalcoolique… ont été mis à disposition ainsi que des vitrophanies et une signalétique spécifique pour appliquer les gestes barrière.

En outre, nos adhérents ont été aidés pour la prise de rendez-vous des clients. En fonction de la fréquentation en magasin, il convient de bien adapter son planning et de reprendre progressivement ses collaborateurs actuellement en chômage partiel. Autres mesures prises : un accompagnement pour toutes les démarches administratives telles que le prêt garanti par l’Etat (PGE) ou le dépôt de dossier auprès de la direction régionale des entreprises (Direccte) pour le recours au chômage partiel.

A. : Durant cette période, vous avez également fait le choix de préserver la trésorerie de vos adhérents.

C. R : Tout à fait. Nous avons suspendu pendant 1 mois l’ensemble de la facturation pour soulager nos opticiens. Tout en payant néanmoins tous les fournisseurs. Il était important de garantir les paiements durant cette période et ainsi assurer notre vrai « rôle » de centrale de paiement, en espérant que nos partenaires fournisseurs seront capable de l’apprécier. 

A. : Tous vos adhérents vont-ils tenir le choc ?

C. R : Il est encore trop tôt pour le dire. Toutefois, nous avions 2% à 3% de nos adhérents en difficulté avant la crise. Forcément, ces opticiens le seront davantage post-confinement. Pour bien gérer la trésorerie, nous recommandons nos adhérents de travailler sur leur stock. Je suis plus inquiet pour des magasins bien structurés, qui ont décidé d’investir juste avant l’épidémie dans des travaux de rénovation ou autres. Ils auront un endettement supplémentaire, sachant que le PGE devra être remboursé au printemps prochain. Plus globalement, sur les plus de 12 000 opticiens en France, 10% pourraient rencontrer des difficultés, que ce soit des magasins sous enseigne ou des indépendants. C'est un marathon. Tous les commerces dont l’optique retrouveront leur vitalité dans 4 à 5 ans.

A. : Pensez-vous que la crise sanitaire va accélérer la transformation du monde de l’optique ?

C. R : Je pense que cette crise sanitaire va changer radicalement les comportements des restaurateurs, des hôteliers, des magasins de prêt-à-porter… L’approche sera différente. En optique, nous avons une chance inouïe : la crise sanitaire a renforcé notre utilité. Les consommateurs ont compris qu’avoir des lunettes constitue un besoin. Continuons à nous renforcer de ce côté-là. Très certainement, nous allons devoir travailler différemment. La prise de rendez-vous représente un axe important pour être plus efficace et fidéliser les clients.

A. : Quelles sont vos perspectives de développement à moyen terme ?

C. R : Durant la période de confinement, nous avions mis en place une plateforme de livraison de lentilles de contact au domicile du client pour l’ensemble de nos adhérents. Ce service va continuer à être déployé selon les besoins. Est-ce que les porteurs ont envie de se déplacer en magasin pour un renouvellement de lentilles de contact ? On peut se poser la question. C'est un service que nos opticiens peuvent maintenant apporter à leurs clients.

Et nous allons observer le marché dans les prochains mois en étant encore plus proche de nos adhérents.

 

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