« Dans quelques années, nos clients viendront et nous diront "vous vous souvenez quand vous nous avez offert une pizza ?", ce sera marrant. » Le magasin Lynx Optique de la galerie marchande du Leclerc de Vannes (56) est rideaux baissés depuis le 1er février, et a fini par déménager… dans une pizzeria. Une cohabitation des plus insolites.

« Nous ne pensions pas devoir fermer », se souvient le directeur Jonathan Sanchez. D’abord parce que la galerie marchande n’atteignait les 20 000 m² qu’en comptant les réserves, puis pour le statut des opticiens : « Avant on nous considérait comme essentiels, et là non. »

S’installer dans un restaurant : une idée originale mais spontanée

Il fallait alors tout faire pour poursuivre son activité : entreprendre des démarches auprès des pouvoir public pour « leur faire entendre raison » que la profession puisse continuer d’exercer ; ensuite en restant « demi-ouvert » avec des livraisons sur le parking des commandes en cours ; et enfin en établissant ses quartiers dans un restaurant.

« L’idée a été spontanée car les restaurants avaient fermé depuis longtemps et étaient donc des surfaces utilisables et de proximité. Et nous avons reçu un très bon accueil », explique Françoise Mahé, gérante du magasin. Si tous les restaurants ont accepté d’accueillir l’équipe du Lynx Optique, elle s’est installée dans le plus proche de la galerie : le Ristorante del arte. Une initiative gagnante-gagnante : le restaurant a repris les livraisons et la vente à emporter, et l’opticien a pu poursuivre son activité.

Lynx Optique chez Ristorante del arte

« Beaucoup d’opticiens de la région nous ont proposé leur aide »

« Nous avions gardé contact avec les clients, mais pour ceux qui allaient chez la concurrence, ça faisait mal au ventre », poursuit le directeur, qui souligne la grand solidarité du secteur : « Quand nous avons dû fermer, beaucoup d’opticiens de la région nous ont contactés pour nous proposer leur aide. Certains nous ont prêté des présentoirs pour cet emménagement, d’autres offraient même de nous laisser leur magasin un après-midi par semaine pour que nous puissions recevoir nos clients. Cela fait chaud au cœur. »

Pour pouvoir exercer dans le restaurant, il a fallu s’occuper des démarches administratives : « Nous avons prévenu la préfecture, fait une convention d’occupation d’un local commercial à titre gracieux, puis une extension de notre assurance magasin sur le nouveau local », énumère Françoise Mahé. Et tout était prêt pour commencer le 23 mars.

« Nous n’avons pas fait de calcul »

Dans la pizzeria, une bonne partie du magasin fermé et des présentoirs prêtés par des confrères donnent une vraie allure à cette activité temporaire. « On a tout ce qu’il faut, le côté hommes, le côté femmes… La seule différence est qu’on fait nos ventes sur des tables de restaurants », plaisante Jonathan Sanchez.

Les clients sont reçus dans la pizzeria

Malgré un carnet de rendez-vous bien rempli, ce dernier est conscient de ne pas pouvoir tourner à plein régime : « Nous n’avons pas fait de calcul. Nous savions que nous ferions moins de chiffre qu’en magasin et que, dans le même temps, ouvrir nous ferait perdre des aides. On ne sera pas dans le vert à la fin mais ce n’est pas grave : nous avons pu retrouver nos clients. »

Une paire achetée, une pizza à un euro !

Et, compte tenu de l’incongruité de la situation, les gérants du Lynx Optique de Vannes ont « poussé le buzz au bout » : pour une paire de lunettes achetée, la marguerita* est à un euro ! Et inversement, une réduction sur les montures solaires est proposée pour l’achat d’une pizza. « Cela plaît à tout le monde, c’est un moyen de remercier les clients. »


* (NDLR : nous sommes plutôt 4 fromages ici)