Alors que l'article 1er de la loi du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l'emploi prévoit la généralisation de la complémentaire santé collective, Anne Marion, présidente et fondatrice du cabinet Actuarielles revient sur les conséquences de la mesure. Parmi elles, la possibilité d'une fréquentation accrue chez les opticiens...

Au 1er janvier 2016, toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, devront permettre à leurs salariés de bénéficier d'une couverture santé collective, de qualité au moins égale au socle minimal dont la loi fixe les principes par décret. Alors que le système tendait à se diriger vers un désengagement concernant les garanties optiques, en l'état actuel, le projet de loi prévoit un panier de soins « essentiels » comprenant notamment la prise en charge d'un forfait optique annuel de 100 euros. « Si la généralisation ne concerne, de fait, que 300 000 salariés non couverts actuellement, l'impact de cette réforme concernera tous les actifs quant à leur panier de soins, précise Anne Marion. De plus, une extension est prévue, à terme, pour les autres catégories telles que les fonctionnaires... ».

Il est probable que, en cas de négociation de branche, la mise en place des régimes complémentaires en frais de santé se fasse par le biais d'un système « base + options ». Ainsi sur une base à 100 euros, les salariés pourront souscrire individuellement une garantie optique étendue pour une meilleure prise en charge. « Avec moins de reste à charge, les porteurs vont renouveler plus souvent leurs équipements. C'est une bonne nouvelle pour les opticiens, qui pourraient être les grands gagnants de la généralisation de la complémentaire santé collective » précise Anne Marion.

Le risque d'une solidarité inversée

Mais pour la présidente d'Actuarielles, cette mesure « risque de générer une solidarité inversée ». Dans le cas d'un système de complémentaire avec un tarif de base et des options aux prix plus élevés, et sachant que « la consommation médicale augmente avec le revenu, on peut s'attendre à ce que les salariés souscrivant des options sollicitent plus fréquemment la base ». Résultat paradoxal : ce sont les salariés les moins couverts « qui, indirectement, financeront la couverture des salariés les mieux protégés ».

Aussi Anne Marion préconise-t-elle de donner la priorité au poste dentaire plutôt qu'au poste optique, car « il aurait été opportun de réfléchir à une garantie médicalisée, voire à une suppression des garanties optiques », car « des lunettes achetées coûtent paradoxalement moins chères que des lunettes assurées ».

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