Alors qu’en France la polémique fait rage autour de la reconnaissance de l’optométrie, au Canada le débat est tout autre... Il concerne le rôle des assistants optométriques. Avec l’entrée en vigueur, le 26 février prochain, « du Règlement sur les actes », ces derniers (environ 4 000 au Québec) auront de nouvelles responsabilités. Elles seront au nombre de quatre : le choix définitif de la monture, la prise de mesures nécessaires pour la commande, l’ajustement d’une monture et, la vérification du confort visuel et physique du patient. Le tout sous contrôle d’un optométriste ou d’un opticien. Pour accomplir ces nouvelles missions, les assistants optométriques devront suivre une formation de 72 heures, qui sera dispensée par l’Ecole d’optométrie de l’Université de Montréal.
Un risque sanitaire, selon les opticiens
Mais cette nouvelle législation n’est pas du goût de l’Ordre des opticiens d’ordonnances du Québec (regroupant plus de 1 800 opticiens), qui estime que « c’est une grave erreur qui menace la santé des québécois ». Ces derniers soulignent que « les actes professionnels reliés à l’exécution d’une ordonnance ophtalmique (mesures, pose, ajustements, remplacement, vente) requièrent une formation collégiale de 3 ans, alors que ce règlement permettrait à un assistant optométrique de poser ces mêmes actes à la suite d’une formation sommaire de 72 heures ».
Linda Samson, présidente-directrice générale de l’Ordre, a d’ailleurs demandée une rencontre d’urgence avec le cabinet du premier ministre du Québec, Philippe Couillard. « Un ajustement de lentilles ophtalmiques inadéquat peut entraîner un inconfort persistant, une mauvaise performance visuelle, une vision double ou floue, des maux de tête voire même le strabisme. Ces actes comportent un haut degré de technicité», a-t-elle fait valoir.
De leur côté, les optométristes assurent que les patients auront ainsi une meilleure accessibilité aux soins. « On a voulu encadrer le travail des assistants. Ils ne pouvaient même pas revisser une monture, légalement ! », explique le Dr. Langis Michaud, président de l’Ordre des optométristes du Québec.
Cette mesure ne serait toutefois que « temporaire », prévue pour une durée de deux ans, afin de pallier à la pénurie d’opticiens. « Nous devions garantir l’accès pour les patients », précise le porte-parole de l’Office des professions, Stéphane Boisin.