Dans notre précédente news, nous vous avons annoncé que la Haute Autorité de Santé (HAS) publiera en février 2011 des recommandations de bonne pratique sur le thème "Troubles de la réfraction : délivrance de verres correcteurs par les opticiens dans le cadre d'un renouvellement". Voici les premières pistes de travail élaborées par le comité d'organisation (CO, qui regroupe des sociétés savantes, des organismes professionnels, des associations d'usagers et la Direction de la sécurité sociale et de la Cnamts) mis en place pour l'élaboration de ces recommandations.
Une enquête pour mieux évaluer la mise en oeuvre de la réforme de 2007 ?
Le CO a noté un manque d'évaluation du dispositif mis en place dans le cadre du décret de 2007, qu'il s'agisse de l'opposition des ophtalmologistes au renouvellement ou du signalement par l'opticien, à l'ophtalmologiste, d'un changement de correction. "L'absence de ces données ne permet pas d'identifier les problèmes de pratique éventuellement rencontrés" souligne la HAS. Dans ce contexte, il est suggéré la mise en place d'une enquête de pratique réalisée sur la base d'un échantillon représentatif :
- pour les ophtalmologistes, cette enquête porterait sur toutes les consultations réalisées pendant 15 jours, le nombre total de prescriptions de lunettes, le pourcentage de prescriptions de lunettes avec opposition au renouvellement par les opticiens et les raisons de cette opposition, le nombre de patients adressés par l'opticien et les raisons de cette orientation
- pour les opticiens, l'enquête porterait sur toutes les lunettes délivrées sur prescription médicale sur un intervalle de 15 jours, le pourcentage de ces lunettes délivrées dans le cadre d'un renouvellement, le pourcentage de remplacement à l'identique et après réadaptation, le pourcentage de patients orientés vers l'ophtalmologiste et les raisons de cette orientation.
Bisbilles sur les situations justifiant l'opposition de l'ophtalmologiste au renouvellement
Le comité d'organisation envisage par ailleurs d'établir une liste indicative de situations qui nécessitent un suivi rapproché par l'ophtalmologiste et justifieraient par conséquent son opposition à l'adaptation de sa prescription par l'opticien. Cette question ne fait cependant pas consensus : les opticiens "ont exprimé leur besoin d'une telle liste", mais les ophtalmologistes estiment qu'elle risquerait de "multiplier inutilement les demandes de consultations en urgence et d'engager la responsabilité des opticiens au regard de la recherche de ces symptômes". Les membres du CO ne se sont pas non plus accordés pour définir un niveau de baisse d'acuité visuelle qui nécessiterait d'orienter le patient vers l'ophtalmologiste avant la délivrance de lunettes. Ces divergences s'expliquent notamment, selon l'HAS, par le fait que la détermination de l'acuité n'est pas réalisée systématiquement par l'opticien dans le cadre d'un renouvellement, et que l'opticien ne dispose pas toujours d'une acuité visuelle de référence. Le CO a ainsi proposé de "réfléchir à la définition d'un niveau d'évolution de la réfraction qui nécessiterait de recourir à l'ophtalmologiste avant délivrance et de préciser les conditions de cette orientation (délai, modalités, traçabilité...)".
Notons qu'en marge des recommandations de bonne pratique, il est également proposé d'élaborer un document "grand public" concernant les modalités de renouvellement des lunettes prescrites il y a moins de 3 ans et incluant une liste de symptômes devant les conduire à consulter un ophtalmologiste.
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