Avec le bisphénol A, les phtalates sont aussi dans le collimateur de certains élus. Ces composants chimiques, utilisés comme plastifiants dans de nombreux produits, sont accusés d'effets néfastes sur la santé, notamment sur le système endocrinien. Par précaution, plus de 150 députés veulent faire interdire, à partir de 2014, l'utilisation du plus dangereux d'entre eux (le DEHP) dans les dispositifs médicaux. Ils ont déposé fin décembre une proposition de loi en ce sens. Le cas échéant, les montures contenant ce produit (en PVC, ou dans certains acétates) pourraient être concernées.

Interdiction limitée ou absolue ?

Les députés prônent une solution réaliste. « Les phtalates sont une famille large de substances dont tous ne sont pas potentiellement dangereux pour la santé humaine. En ce sens, une interdiction absolue parait excessive et difficilement applicable qu'il s'agisse du contrôle ou de la substitution par les industriels. Une solution plus effective dans son application doit donc être mise en place pour protéger de manière efficace les usagers des dangers que représentent certains phtalates », argumentent les élus, qui préfèrent ainsi limiter l'interdiction à un seul type de phtalate et aux seuls dispositifs médicaux. Une autre proposition de loi plus radicale, adoptée par l'Assemblée nationale en mai dernier (qui doit encore être débattue au Sénat) vise quant à elle l'interdiction de tous les produits des phtalates, des parabènes ou des alkylphénols.

Une nocivité pas encore prouvée

Rappelons que ces propositions de loi obéissent au principe de précaution. « La prudence impose d'éviter l'usage de DEHP, tant que des études n'ont pas montré son absence de nocivité pour l'organisme humain », expliquent les députés. En l'état actuel des connaissances, les effets néfastes des phtalates, comme ceux du bisphénol A, s'observeraient avant tout en cas d'ingestion, ce qui ne concerne pas les lunettes dont le contact avec l'organisme reste cutané.