Alice Mahon, une ancienne députée britannique atteinte de DMLA, menace d’intenter une action judiciaire contre le système de santé d’outre-Manche, le NHS, pour refus de prise en charge du Lucentis, le nouveau traitement contre cette maladie récemment approuvé par l’Union européenne.
Le service local de soins dont dépend Alice Mahon lui a en effet refusé la délivrance de ce médicament au motif que celui-ci n’était pas inscrit à la liste des traitements validés par le NHS. Rappelons que le Lucentis est aujourd’hui considéré comme le plus efficace pour stopper l’évolution de la DMLA, voire améliorer la vision des personnes touchées. Selon l’ancienne députée, le Lucentis, comme le Macugen, un autre médicament contre cette pathologie, sont en effet considérés comme trop onéreux : 12 000 livres (18 000 euros) pour une année de traitement pour le premier, 10 000 livres (15 000 euros) pour le second.Dans l’attente de l’appel qu’elle a formulé devant le NHS, Alice Mahon a dû débourser elle-même la somme de 5 000 livres pour se soigner, afin d’éviter une nouvelle altération de sa vue qui s’est considérablement détériorée en 9 semaines.

"J’ai défendu le NHS toute ma vie, et il me laisse tomber aujourd’hui. L’aide aux déficients visuels et les soins à leur apporter coûtent plus cher que le traitement. Gordon Brown (ndlr : le ministre des Finances), doit s’assurer que le budget de la santé est suffisant pour fournir ce type de traitement aux personnes qui en ont besoin" a-t-elle déclaré en affirmant qu’elle porterait l’affaire devant la Haute Cour britannique si le NHS ne revenait pas sur sa décision.
La démarche judiciaire d’Alice Mahon est soutenue par les associations britanniques d’aveugles et malvoyants. L’Institut Royal National pour la cécité a notamment dénoncé l’attitude du NHS qui "condamne 50 personnes par jour à la cécité".

De son côté, le ministère de la Santé tente de dédramatiser l’affaire. La secrétaire d’Etat Patricia Hewitt a souligné qu’on "ne pouvait pas incriminer l’ensemble du NHS pour une décision prise par une antenne locale" et que les autorités concernées avaient prévu d’inscrire, en octobre 2007, le Lucentis et le Macugen à la liste des médicaments pris en charge. Rappelons que la Grande-Bretagne réforme actuellement son système de santé et que, dans ce cadre, elle limite de nombreuses dépenses. La chirurgie de la cataracte pourrait ainsi prochainement ne plus être prise en charge dans les débuts de la maladie.