Les ophtalmologistes créent les « TASO », une profession pour les épauler au quotidien et faire les réfractions

T.A.S.O : Technicien assistant en soins ophtalmologiques. Tel est l'intitulé de la nouvelle profession qui devrait voir le jour d'ici 2012 dans la filière de santé visuelle. Créée à l'initiative du Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France), cette nouvelle fonction serait accessible par un nouveau CQP ouvert aux aides-soignants(es), aux infirmiers(ères) et aux secrétaires médicales ayant une expérience minimum en ophtalmologie (supérieure à 2 ans, préconise le Snof).
« Les différents intervenants en santé visuelle doivent avoir une culture commune. C'est pourquoi il faut créer une nouvelle formation pour les TASO. Le CQP est bien adapté : c'est une formation inscrite dans la convention collective, qui se fait en alternance et peut être prise en charge par l'OPCA-PL (Organisme paritaire collecteur agréé des professions libérales). Son dispositif est simple et rapide », a expliqué Thierry Bour, du Snof, samedi 10 septembre, à l'occasion de la 2ème Journée du Snof organisée par le syndicat.

Déléguer « oui », mais au sein du cabinet et sous surveillance

Le « TASO » répondrait à une triple demande : celle des ophtalmologistes, qui sont de moins en moins nombreux à traiter un nombre croissant d'actes ; celle des secrétaires médicales, qui souhaitent des évolutions de carrière ; et celle des paramédicaux, qui recherchent souvent des horaires « traditionnels », sans astreinte, etc.
Le référentiel, validé par le Snof, prévoit que le TASO soit salarié et exerce ses fonctions sous la responsabilité de l'ophtalmologiste. Sa formation sera composée de 100 heures de cours théoriques et de 6 mois de stage en cabinet. Son rôle sera de prendre en charge l'examen du patient, en amont et en aval de la consultation médicale. Il sera entre autres amené à pratiquer des réfractions, qui ne sont plus, depuis avril 2007, classées dans les actes médicaux.
Pour le Snof, le TASO sera notamment utile dans les cas où les délégations de tâches aux orthoptistes salariés en cabinet seront impossibles. « Nous ne pouvons pas nous limiter aux orthoptistes, car leur profession est mal répartie sur le territoire, leur nombre est insuffisant - il faudrait le tripler, ce qui n'est pas possible avant 25 ans - et la moitié d'entre eux préfère l'exercice libéral », souligne le Dr. Thierry Bour. A ce jour, la création des TASO a été présentée aux pouvoirs publics, et des négociations sont en cours avec la CPNE concernant leur grille de salaires et, avec l'OPCA-PL, pour le financement de leur formation.

Les orthoptistes montent au créneau

Reste que certains orthoptistes ne l'entendent pas de cette oreille. Pour le SNAO (Syndicat national autonome des orthoptistes, il s'agit d'une « nouvelle tentative qui ne vise qu'à régulariser des pratiques illégales dont les différents rapports du Snof se font l'écho ». Le syndicat estime que "proposer 100 H de formation théorique pour effectuer des actes que les orthoptistes acquièrent au cours de 3 ans d'étude est quasi insultant pour notre profession".