La question de la toxicité de la lumière bleue pour la rétine et de l’efficacité des verres anti-lumière bleue est un « marronnier » des magazines d’association de consommateurs. Dans son nouveau numéro de mars, 60 millions de consommateurs ne déroge pas à la règle en lui consacrant un dossier complet avec des tests sur des verres MDD ou de marques. Mais, grande première : le magazine reconnaît le risque de la toxicité de la lumière bleu-violet (415-455 nm) pour la rétine et invite à se « protéger les yeux d'un excès de lumière bleue [...], en particulier ceux des enfants ».

Selon 60 millions de consommateurs, cette nocivité est « aujourd'hui avérée », tout comme sa « contribution au développement de la DMLA ». Le mensuel ajoute que « les preuves expérimentales d'un effet sur la surface de l’œil s'accumulent ». Et donne de nombreux conseils quant aux bons gestes à adopter : « baisser drastiquement la luminosité », « faites des pauses régulières », « ne dépassez pas 6 heures d'écran par jour », « établir une distance d'environ 50 centimètres entre vous et l'écran ».

Des effets surestimés ?

Dans ce dossier, 60 millions de consommateurs communique également les résultats de tests effectués sur 15 verres afin de déterminer si leur protection contre la lumière bleue est efficace. Selon le magazine, la majorité de ces verres propose un filtrage insuffisant des rayons bleu-violet, les plus dangereux pour la rétine.

Pour les rayons bleu turquoise, qui jouent un rôle important dans le rythme veille-sommeil, les seuls verres jugés efficaces par 60 millions de consommateurs sont ceux des lunettes Noucorp d'Amazon, destinées aux gamers (les moins chers des verres testés). Conclusion du dossier : même si l'impact clinique de tous ces produits n'est à ce jour pas démontré, rien n'empêche de les utiliser, puisque aucun effet indésirable n'est connu ni même suspecté.

Une méthode de tests contestable

Interrogée par acuite.fr, Amélie Kudla, responsable R&D Management de la Lumière - Catégories Traitements Antireflets et Filtres chez Essilor, souligne que 60 millions de consommateurs « n'explicite pas sa méthode de calcul » et précise que « l'évaluation de la coupure de la lumière bleue peut varier considérablement selon le protocole établi ». Chez Essilor, les mesures « se fondent sur la filtration de la lumière bleue pondérée par sa dangerosité établie grâce aux travaux réalisés aux côtés de l’Institut de la Vision depuis 10 ans.

Ces tests photo-biologiques sont méthodologiquement conçus pour être représentatifs des situations réelles ce qui a permis une modélisation de la toxicité chronique de la lumière bleu-violet dans la vie réelle ». Par ailleurs, dans l’évaluation des différents verres qui est donnée par 60 millions de consommateurs, ni la teinte ni les autres caractéristiques mêmes du verre ne rentrent en ligne de compte. « Pour filtrer davantage de lumière bleu-violet, il faudrait un verre avec une teinte résiduelle beaucoup plus forte ce qui n’est pas compatible avec un port quotidien et dans la durée », conclut Amélie Kudla.