Dans 3 jours le candidat de droite à la présidentielle 2017 sera connu ! Qualifiés pour le 2nd tour de la Primaire de la droite et du centre, François Fillon et Alain Juppé soutiennent plusieurs propositions en matière de santé. Un sujet longuement discuté dans cette semaine de l’entre-deux-tours. Après avoir passé en revue le programme des 7 candidats, Acuité refait le point sur les mesures des deux finalistes qui pourraient intéresser notre secteur.

Fillon : réformer le financement du système de santé et dire « non » aux remboursements différenciés

Pour François Fillon, le combat se situe notamment au niveau des remboursements différenciés des réseaux de soins conventionnés. S’il considère les Ocam comme « des acteurs incontournables de notre protection sociale », il n’acceptera pas « que les réseaux de soins puissent aboutir à une remise en cause de la liberté de choix par les assurés de leur médecin et de leur établissement de santé. Je n’accepterai pas davantage qu’ils aboutissent dans les faits à instaurer une médecine à deux vitesses ».

Il propose alors de créer une Agence de contrôle et de régulation de l’assurance santé privée. « Cette agence définira un contrat type parfaitement lisible pour les assurances privées avec une variable : le prix. Le maintien d’une offre plurielle de professionnels de santé est une source d’émulation et d’innovation pour le bénéfice des patients et pour la régulation de nos dépenses de santé ». C’est dans ce cadre que seront examinées les modalités d’intervention des réseaux de soins créés par les Ocam dans les domaines de l’audioprothèse, des soins dentaires et de l’optique. L’agence pourra aussi examiner les inégalités de couverture entre les contrats collectifs et les contrats individuels pouvant varier pour certains soins du simple au double.

Le candidat entend ainsi réformer le financement de notre système de soins afin d’en assurer la pérennité. Il souhaite revenir sur la généralisation du tiers payant et redéfinir les rôles respectifs de l’assurance publique et de l’assurance privée. La première prendrait en charge un panier de soins « solidaire » alors que la seconde financerait un panier de soins « individuel ». Cette réforme a pour objectif de « responsabiliser les professionnels de santé et des patients ». Cette redistribution encourt le risque de voir gonfler les cotisations des Français en matière de complémentaires santé.

L’ancien Premier ministre soutient enfin un décloisonnement de l’organisation des soins et le développement de la médecine connectée, pour une meilleure coordination entre les différents acteurs du parcours de soins, une réduction des tâches administratives et des délais de paiement. Notre secteur pourrait s’attendre à de nouvelles délégations de tâches, notamment via la télémédecine et des outils comme le dossier médical partagé. Autre proposition du candidat : « donner à la politique de santé une véritable dimension industrielle en définissant une stratégie à long terme et en soutenant le développement des filières françaises d’excellence sur des pôles de compétitivité performant à l’échelle européenne et mondiale ».

Juppé : accompagner et moderniser les professions de santé, opticiens et orthoptistes

A l’inverse de son concurrent, Alain Juppé ne souhaite pas revenir sur le principe de « solidarité vis-à-vis des malades ». Il entend travailler sur les marges de manœuvre pour plus d’efficience dans la gestion des soins, tout en conservant ses fondamentaux. Il pointe aussi du doigt la responsabilité de chacun et la transparence. Concrètement, il souhaite mener une lutte renforcée contre toutes les formes de fraudes, revenir sur la généralisation du tiers payant et intensifier la prévention. Il ne fait toutefois pas état de l'articulation AMO/AMC et de la place des réseaux de soins.

Car dans son programme, le maire de Bordeaux a davantage axé ses propositions sur le rôle et la place des professionnels de santé. Il parle de l’évolution des professions de santé qu’il souhaite « accompagner et moderniser » en citant notamment les opticiens et les orthoptistes. « Il faut ouvrir un véritable dialogue fondé sur la confiance, de qualité, en continu avec ces professions afin d’améliorer l’organisation des soins et développer l’interprofessionnalité », explique le candidat en misant aussi sur l’e-santé. Il soutient :

  • la poursuite de l’évolution de la formation des professionnels de santé ;
  • l’évolution des programmes d'étude des professionnels de santé afin de faire une plus grande place à la prévention ;
  • la coordination des soins de proximité autour du médecin traitant et des médecins spécialistes ;

La filière de santé visuelle devrait alors confirmer la direction prise ces derniers mois : davantage de coopération et de coordination entre les « 3 O » pour une meilleure prise en charge des patients avec la modernisation de la formation pour les opticiens.

Si la santé a été la grande absente des derniers débats télévisés, il est fort probable que les deux candidats insistent sur ce sujet lors du dernier affrontement d’idées, ce soir sur TF1 et France 2. Qui saura le mieux répondre aux attentes de notre filière ? A vous de juger ! 

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