A la fermeture du Silmo 2015, Jérôme Colin, président des lunetiers du Jura nous a fait le point sur la filière du Jura, le made in France, les plafonnements des remboursements, les réseaux de soins…Interview.

Acuité : Comment se comporte l’industrie morézienne ?

Jérôme Colin : Depuis plusieurs années, la filière s’est réorganisée à cause de la migration du marché et du changement de mode d’achat des consommateurs. Elle a vécu des moments compliqués, mais continue sa restructuration. Aujourd’hui, même si le contexte reste difficile, les grands donneurs d’ordres que ce soit dans le Jura ou d’autres bassins en France contribuent à redonner un second souffle à leur filière.

A. Combien de salariés sont employés entre les fabricants et les sous-traitants ?

J. C : Sur le bassin jurassien, nous estimons aujourd’hui qu’il y a entre 1600 et 1800 personnes, mais cela évolue à la baisse depuis quelques années. Globalement, les entreprises de distribution sont restées assez stables. En revanche, au niveau des volumes, les chiffres diminuent à cause de la conjoncture du marché français notamment.

A. Nous parlons de plus en plus d’Origine France Garantie (OFG) et de made in France, les entreprises du Jura vont-elles dans cette démarche ?

J. C : Tous nos clients à l’export connaissent le made in France, depuis des années. C’est quelque chose qui est bien ancré dans leurs mentalités. Pour eux, il est à la fois source de produits créatifs et de qualité. De son côté, l’Origine France Garantie se développe sur le territoire français, mais en revanche les clients étrangers ne connaissent pas du tout ce label. Pour ma part, j’estime qu’il faut privilégier le made in France qui est reconnu de tous. Ce n’est pas que la provenance du produit brut ou l’origine des pièces détachées qui fait la valeur ajoutée que l’on y apporte. Elle va de la création à la finition.

A. La mise en place des plafonnements a-t-elle une incidence sur les ventes ?

J.C : Les plafonnements ont surtout une incidence sur les prix. La moyenne de prix public de nos produits était de l’ordre de 180 à 200 euros. Aujourd’hui, il y a un plafonnement des remboursements à 150 euros, il a donc fallu les baisser de l’ordre de 15% à 20%. Par conséquent, nous devons approvisionner quelques composants à l’étranger et en même temps faire des économies au niveau des frais de distribution, pour pouvoir rentrer dans les prix imposés par le gouvernement !

A. Et qu’en est-il des réseaux de soins ?

J.C : Entre les réseaux fermés, le plafonnement des remboursements et maintenant Carte Blanche qui va distribuer  des montures cela contribue à déstabiliser notre industrie et créer une inquiétude pour le devenir de nos entreprises. Nous ne sommes pas sur la bonne voie, les prix baissent au détriment de la qualité et de la créativité, et on ne laisse plus le libre choix d’achat au niveau des consommateurs !

A. Comment s’est passé ce Silmo 2015 pour les lunetiers du Jura ?

J.C : Il y a eu une bonne fréquentation du salon. Et pour le marché français, les opticiens sont toujours acheteurs de beaux produits, créatifs et qualitatifs. C’est donc globalement un bon Silmo pour nos entreprises jurassiennes et Françaises.