La complémentaire santé solidaire (C2S), dispositif fusionnant l'ancienne CMU-C et l'ACS depuis 2019, assure un accès aux soins facilité et une prise en charge sans reste à charge pour les Français aux revenus modestes.

Selon le dernier rapport de l'Assurance Maladie (octobre 2025), la C2S couvrait 7,45 millions de personnes au 31 décembre 2023, soit 13 % des assurés du régime général. Cette population se divise en deux groupes : 5,83 millions bénéficient de la formule gratuite (C2SG) et 1,62 million de la formule participative (C2SP).

Un profil marqué par la précarité et l'âge

Les bénéficiaires de la C2S présentent des profils démographiques contrastés :

  • C2SG : la jeunesse précaire. L'âge moyen est de 28 ans, avec près de 41 % des bénéficiaires ayant moins de 20 ans. Le taux de bénéficiaires diminue avec l'âge.
  • C2SP : la population vieillissante et fragile. L'âge moyen est de 44 ans, et un tiers (34 %) a plus de 60 ans. La proportion de C2SP devient supérieure à celle des C2SG à partir de 65 ans, en partie à cause du plafond de l'Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa).

Les femmes sont surreprésentées dans les deux dispositifs, un facteur en lien avec l'importance des familles monoparentales.

Fortes disparités territoriales

La précarité se concentre géographiquement.

Le taux de bénéficiaires de la C2S est le plus élevé dans les départements d'Outre-Mer (Drom), allant de 29 % en Martinique à 50 % en Guyane. En métropole, la concentration est notable en Seine-Saint-Denis (23 %), dans le Nord (19 %) et dans les Pyrénées-Orientales (20 %).

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@Assurance Maladie

 

À noter que les bénéficiaires de la C2S ont des dépenses moyennes remboursées par l’Assurance Maladie supérieures à celles de la population générale. Les dépenses moyennes d’hospitalisation sont 1,5 fois plus élevées pour les C2SG (+51 %) et 2,5 fois plus élevées pour les C2SP (+156 %). Les taux de recours aux hospitalisations, y compris en psychiatrie, sont globalement plus élevés.

Les failles de la prévention

Malgré la suppression du reste à charge, des inégalités persistent concernant l’accès aux soins préventifs :

Les populations C2S participent moins aux campagnes de vaccination (grippe saisonnière et Covid-19) et de dépistage des cancers (col de l’utérus, sein et colorectal). Cette différence est plus marquée chez les C2SG.

Les adultes bénéficiaires de la C2SG ont également moins souvent un médecin traitant déclaré que les assurés hors C2S, un facteur qui pourrait limiter le recours aux soins préventifs.

Si la C2S limite le reste à charge, elle couvre une population dont la vulnérabilité sanitaire et le sous-recours à la prévention signalent des barrières d’accès persistantes qui vont au-delà du seul coût financier. Sans compter qu'une personne éligible sur deux ne le sait pas.