Le renoncement aux soins de santé pour des raisons financières touche 14% des Français : parmi eux, 63% ont renoncé à des soins bucco-dentaires, 25% à un équipement optique et 16% aux services d'un spécialiste. C'est ce que révèle une enquête publiée ce matin par l'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé), qui a interrogé 8000 ménages et 22000 individus en 2006. Lors de la précédente enquête, dont les chiffres portaient sur 2004, l'optique pesait 18% parmi les soins délaissés par nécessité.
22% des renoncements sont déclarés comme définitifs, les autres étant reportés. Tous sont concentrés sur un nombre limité de soins, ceux pour lesquels le reste à charge des assurés est le plus important. A noter que les troubles de la vision demeurent les plus fréquemment cités : ils concernent près de 60% des personnes interrogées.

L'absence de couverture par une complémentaire santé est le principal facteur lié au renoncement : 32% des personnes non couvertes déclarent s'être privés de soins, contre 19% pour les bénéficiaires de la CMU et 13% pour les titulaires d'une complémentaire.
Le taux de renoncement varie fortement en fonction des ressources économiques des foyers : 24% pour la première tranche de revenu, contre 7,4% pour la tranche la plus élevée. Les ménages d'employés (commerce, administration) et d'ouvriers non qualifiés sont ceux qui renoncent le plus aux soins, respectivement 20% et 19%.

Par ailleurs, les femmes déclarent renoncer à hauteur de 16,5% contre 12% pour les hommes. Le renoncement diffère également selon la classe d'âge : le taux est maximal entre 40 et 64 ans (16%) et minimal au-delà de 65 ans (7%). Enfin, seule une personne sur vingt (5%) a "renoncé à consulter un médecin spécialiste, depuis la réforme du médecin traitant".
Tous les deux ans, l'Enquête Santé Protection Sociale de l'Irdes dresse un tableau de l'état de santé, des soins et de la protection sociale de la population de France métropolitaine. L'édition 2008, qui vient d'être lancée, permettra notamment de faire le point sur l'impact des franchises de soins en vigueur depuis janvier.