Le gouvernement belge vient récemment d’élargir la vente des lentilles de contact correctrices à tous les magasins, sans que ceux-ci aient l’obligation d’employer un opticien.
Jusqu’ici, la vente des lentilles de contact était régie par une réglementation de 1964 selon laquelle ces produits pouvaient uniquement être vendus dans des magasins de moins de 50 travailleurs, en présence d’un opticien. Une législation ultérieure a ensuite autorisé la vente des lentilles par des entreprises de plus de 50 salariés, sans obligation d’employer un opticien, ainsi que sur Internet.

Ces règles ont induit des distorsions de concurrence dénoncées par les entreprises de petite taille. Un Arrêté royal adopté fin janvier a ainsi autorisé les magasins de moins de 50 salariés à vendre les lentilles de contact sans la présence obligatoire d’un opticien. Tous les points de vente, quelque soit leur taille, pourront ainsi vendre ces produits, sur prescription d’un ophtalmologiste.

Selon le Ministère des Classes moyennes, compétent en Belgique sur les questions de législation économique, cette "libéralisation" de la vente des lentilles de contact ne devrait pas générer de problèmes de santé publique. "La vente de lentilles de contact est réglementée en France mais ne l’est pas par exemple aux Pays-Bas, où il n’y a pas de problèmes dus aux lentilles. Les fédérations concernées sont libres de contacter notre ministre de la Santé publique, si elles l’estiment nécessaire, pour parler d’une réglementation au niveau de la santé publique" nous a déclaré le cabinet de la Ministre Sabine Laruelle, que nous avons contacté.
"Lors de la rédaction de la nouvelle réglementation, qui entrera en vigueur le 1er septembre 2007, nous avons invité la fédération des opticiens à nous fournir un dossier convaincant, que nous n’avons jamais reçu" nous a-t-il également expliqué, en ajoutant n’avoir enregistré pour l’heure "aucune réaction" de la part de la profession.

Le son de cloche est tout autre du côté de l’APOOB (Association Professionnelle des Opticiens et Optométristes de Belgique). Son directeur administratif, Brigitte Denis, affirme que l’organisation, opposée à cette libéralisation, a rencontré à plusieurs reprises le Ministère des Classes Moyennes sur cette question. "Nous n’avons certes pas envoyé de dossier avec des chiffres concernant les problèmes ayant été provoqués par le port de lentilles achetées en dehors du circuit des opticiens, car nous ne les possédons pas, mais nous leur avons communiqué un dossier complet sur notre rôle et nos compétences. Le Ministère est passé outre notre point de vue et celui du Conseil Supérieur des Classes Moyennes, qui n’a qu’un pouvoir consultatif mais avait donné un avis négatif sur cette nouvelle règlementation" nous a-t-elle déclaré. "Depuis plusieurs années nous insistons auprès du Ministère de la Santé pour qu’il prenne des mesures sur la vente des lentilles de contact. Nous n’avons pas encore obtenu satisfaction mais allons continuer notre lobbying" a-t-elle ajouté.