Le déremboursement des lunettes par la Sécurité sociale ne serait pas à l'ordre du jour. Le Ministère de la santé a récemment déclaré "qu'aucune mesure visant à dérembourser des équipements d'optique, des soins dentaires, des audioprothèses et certains autres dispositifs médicaux n'est en préparation". Cette annonce est intervenue en réponse à une question du député socialiste Yves Durand (Nord) : en juin dernier, l'élu avait demandé au gouvernement d'apporter "des précisions sur ses réelles intentions" sur un éventuel désengagement de la Sécurité sociale des dépenses d'optique.

Un déremboursement évoqué au Congrès de la Fnof

Yves Durand interpellait le Ministère "sur l'annonce faite au dernier Congrès de la Fnof" (Fédération nationale des opticiens de France), en mai 2009. A cette occasion, Christian Py, Président du Synom (Syndicat national des opticiens mutualistes), avait en effet évoqué l'hypothèse "d'un déremboursement par la Sécurité sociale des équipements optiques dans le cadre d'un train de mesures qui concerneraient également le dentaire, l'audioprothèse et certains dispositifs médicaux". Cette éventualité avait été formulée par Christian Py comme une explication au retard pris dans les négociations pour la future convention Cnam.

"Déremboursement" ne signifie pas "désengagement"

Notons cependant que le gouvernement parle ici de "déremboursement" et non de "désengagement de la Sécurité sociale". D'un point de vue sémantique, sa réponse n'exclut donc pas un transfert du risque optique de la Sécurité sociale aux complémentaires santé. Dans ce cas de figure, ces dernières prendraient à leur charge la part remboursée à ce jour par la Sécurité sociale. Cette hypothèse suscite la désapprobation d'une large part de la filière de santé visuelle. En février 2008, menés par l'Asnav, le CIO (Conseil interprofessionnel de l'optique, qui regroupait alors le Gifo, la Fnof et le Synope), le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France) et le SNO (Syndicat national des orthoptistes) avaient lancé à ce propos un "Manifeste citoyen" contre un éventuel désengagement de la Sécu, craignant une "démédicalisation" de l'optique. Ce désengagement est cependant défendu par l'UDO (Union des Opticiens), qui estime que cela permettrait à l'opticien de gagner du temps et d'optimiser les remboursements.