Le ton de la communication n'est pas sans rappeler celui des fondateurs de start-up les plus audacieux pendant la période folle de la bulle internet. "Lunettes pour tous" attaque fort, tant au niveau du discours que des prix (voir le document ci-dessous). Sa stratégie n'est pas sans rappeler non plus, le style de Xavier Niel dans la téléphonie, combinant un prix bas à une simplification de l'offre. (lire notre News: "Lunettes pour Tous... et pour Xavier Niel ?"). Déjà connu pour son entreprise de lunettes publicitaires, Paul Morlet ne s'intéresse pas au monde du web mais bien à celui de l'optique, un secteur « devenu trop opaque », auquel il souhaite apporter « une solution radicale ». 

Et d'interroger : « Que faut-il pour sortir le marché de l'optique de son immobilisme? Attendre que les verriers, les mutuelles et les opticiens daignent baisser leurs tarifs, comme peuvent légitimement l'espérer les consommateurs ? Attendre du gouvernement qu'il plafonne au prix juste le remboursement des lunettes par les mutuelles ? ». 
Ce qu'il reproche à la filière ? Les opticiens sont « incapables de fournir des lunettes au prix juste, [...] les opticiens, avec leur sourire de Joconde, ont mythifié l'acte et le parcours d'achat des lunettes, ce qui a eu pour effet de les rendre inaccessibles pour 2 millions de Français et trop chères pour 50 millions d'entre eux. » Et de demander « qu'est-ce qui justifie qu'aujourd'hui, qu'on vende 542 euros des lunettes, de surcroît dans un minimalisme de supermarché ? » 

De cette dérive, si cela peut rassurer les opticiens, ils ne sont pas les seuls responsables. Le jeune entrepreneur dénonce en effet l'Etat qui, « après avoir laissé faire le secteur privé », souhaite plafonner le prix des lunettes. « Pourtant, ce sont toujours les grands acteurs de ce marché (verriers, mutuelles, opticiens et lunetiers) qui décident en réalité du prix des lunettes, sans se soucier des enjeux de santé publique ». 
Cette communication offensive ne pouvait pas passer à côté de la polémique récente autour de l'enquête de l'UFC-Que choisir. 

"Lunettes pour tous" a développé « un parcours du client totalement nouveau » (lire notre news "Plus de 200 clients attendus par jour pour le magasin « Lunettes pour tous » de Paul Morlet"). Car Paul Morlet à la tête de sa start-up de l'optique, a de grandes ambitions. Il souhaite déployer le procédé industriel développé dans son magasin à d 'autres points de vente : des opticiens (!) et des pharmaciens... Ces derniers pourront rejoindre l'association « Lunettes pour tous » grâce à laquelle l'entrepreneur souhaite leur donner accès « au mouvement. » "Lunettes pour tous" compte ouvrir dans l'année, des magasins partout en France, avec des outils industriels mutualisés ».
Cette initiative mérite en tout cas toute l'attention du secteur. Dans le magasin, l'approche du client reste traditionnelle, mais le process a été hyper rationalisé pour réduire le temps donc les coûts, afin d'assurer les volumes de ventes indispensables [Paul Morlet nous a affirmé ce soir avoir livré 250 équipements dans l'après-midi,ndlr]. Certes, ce modèle doit faire ses preuves. Mais pointe une certitude : l'expérience de "Lunettes pour tous" ne manquera pas d'interpeller tous les acteurs de la filière sur des process totalement nouveaux pour la distribution optique.