Les plateformes de services et les Ocam cherchent de nouveaux relais de croissance pour leurs réseaux de soins. Parmi les pistes explorées : la télémédecine. Alors que Santéclair proposera dès le 1er janvier 2018 à ses 10 millions d’assurés un service de téléconsultation 24h sur 24 et 7 jours sur 7, le groupe Vyv (MGEN-Istya-Harmonie Mutuelle) vient de faire l’acquisition de MesDocteurs.com, start-up de télémédecine. Des annonces qui sont loin de réjouir les médecins, le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) ayant déposé une plainte contre une mutuelle pour distorsion de concurrence.

Notons qu’avec le PLFSS (Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale) 2018, la télémédecine va devenir un acte médical comme un autre (article 36). Les consultations seront remboursées par la Sécurité sociale et les complémentaires.

MesDocteurs.com passe dans le giron du groupe Vyv

Le 14 novembre dernier, le groupe Vyv a mis la main sur la majorité du capital de la start-up de télémédecine MesDocteurs.com, pour un montant resté confidentiel. Le site, qui vise 2 millions de consultations annuelles d'ici à 2020, ouvrira tout d’abord son offre médicale en ligne aux adhérents d'Harmonie Mutuelle, début 2018. « Nous couvrirons 15 millions de personnes l'an prochain », évalue Séverine Grégoire, directrice générale et cofondatrice de MesDocteurs.com, dans Les Echos.

La plateforme permet aux internautes de poser leurs questions à un réseau de consultation médicale en ligne assuré par 300 médecins généralistes et spécialistes, dont des ophtalmologistes. Selon l'urgence, l'accès peut s'opérer en direct par chat (pour 1,90€ la minute), par mail dans le quart d'heure (5,90€ la réponse) ou les 48 heures (offert). Cette année, 70 000 internautes contre 20 000 en 2016 ont déjà utilisé le site, qui se rémunère par une commission sur le service et des packages forfaitaires auprès des porteurs de risque. Globalement, la demande croît au rythme de 30% par mois et au moins 20% sont des clients récurrents.

« La protection sécurisée des données et de l'anonymat lève peu à peu les réticences qui freinent la consultation de santé en ligne », assure Séverine Grégoire à nos confrères des Echos. Elle vise 2 millions de téléconsultations annuelles d'ici à 2020.

Télémédecine et accès aux soins, oui ! Publicité, non !

Toutefois, l’Ordre des médecins prévient : si les Ocam souhaitent proposer de la télémédecine, il faut qu’ils s’inscrivent « dans les règles d’exercice de la profession médicale et dans le cadre du parcours de soins ». Le 14 novembre, le Cnom a d’ailleurs déposé une plainte contre Eovi MCD. Il reproche à la mutuelle sa campagne publicitaire pour son service de téléconsultation médicale réservé à ses adhérents.

Selon le Cnom, cette publicité porte préjudice aux médecins, pour qui cette pratique est interdite par le Code de la santé publique. « Les médecins n’ont pas le droit de faire de la publicité pour un acte médical, pourquoi les mutuelles y seraient-elles autorisées ? » s’indigne Jacques Lucas, son vice-président.

L’Ordre des médecins alerte également sur le principe d’égalité d’accès aux soins et conteste la sélection des patients via un service réservé aux « seuls bénéficiaires de cette mutuelle ». Pour l'organisation, c’est un enjeu politique qui touche à l’égalité de l’accès aux soins. « Il y aurait finalement 2 accès à la téléconsultation : l’un via le parcours de soins classique et un autre, hors parcours de soins, offert par les complémentaires santé », avertit Jacques Lucas.