Dans le contexte d'une baisse globale de leur démographie, les médecins plaident en faveur des transferts de tâches, sous contrôle médical, à des auxiliaires médicaux. Selon une enquête TNS Sofres pour la Fédération Hospitalière de France*, 52% d'entre eux se disent « favorables à une plus grande délégation d'actes et d'examens techniques simples » à des paramédicaux (12% sont « très favorables »). Et 45% se prononcent pour la délégation du « suivi protocolisé de certaines pathologies ». Cette opinion est davantage marquée chez les praticiens hospitaliers que chez les libéraux. Rappelons que l'article 51 de la loi HPST autorise les professionnels de santé à se déléguer entre eux certaines tâches, dans le cadre de protocoles de coopération devant être validés par l'Agence régionale de santé et la Haute Autorité de Santé.

Les orthoptistes en première ligne

Ces résultats collent avec la première priorité des médecins, qui est de lutter contre les déserts sanitaires. La situation est particulièrement préoccupante dans le domaine de la santé visuelle, avec une pénurie croissante du nombre d'ophtalmologistes et des délais de rendez-vous pouvant aller jusqu'à un an dans certaines régions. Dans notre secteur, les ophtalmologistes se disent eux aussi favorables aux délégations de tâches, en privilégiant les orthoptistes aux opticiens. Ils tiennent par ailleurs à conserver le contrôle des tâches déléguées : le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France) milite ainsi pour le développement des « cabinets aidés », dotés d'un ou plusieurs orthoptistes salariés, qui permettent de recevoir 30% de patients supplémentaires. Mais, le nombre d'orthoptistes restant limité (environ 3 000), le syndicat avance depuis peu l'idée d'opticiens salariés dans les cabinets d'ophtalmologie, pour pratiquer les réfractions. A l'occasion du 118ème Congrès de la SFO (Société française d'ophtalmologie), Acuité TV est allée à la rencontre des ophtalmologistes pour les interroger sur cette possibilité : cliquez ici pour voir ou revoir notre reportage.

Voir aussi : notre interview du Dr. Jean-Bernard Rottier, président du Snof, sur les grands enjeux de la santé visuelle en France.

*Enquête réalisée auprès d'un échantillon national de 803 médecins (402 hospitaliers, 201 spécialistes libéraux et 200 généralistes libéraux), du 27 avril au 4 mai 2012.