L’union fait la force ! Et c’est localement, près de leur point de vente, que ces opticiens ont décidé d’agir. Qu’ils soient de Savoie, d’Isère, de Bretagne, de Corse ou encore du Sud-Ouest, ils ont un seul mot d’ordre : « Non aux réseaux de soins ». Face au poids des Ocam, ils ont choisi de s’unir et de parler d’une même voix car, « avant d’être concurrents, nous sommes avant tout opticiens et rencontrons les mêmes problématiques ».

C’est l’idée générale qui est ressortie de la journée d’échange organisée hier, 9 décembre, à Chambéry (73) par l’Association des Opticiens de Savoie, en partenariat avec la Chambre syndicale des Opticiens du Sud-Ouest et le Syndicat des Opticiens de Corse. Au total, près de 250 professionnels de l’optique se sont retrouvés, parmi lesquels des indépendants, des magasins sous enseigne ou encore des présidents de centrales* et des fournisseurs**. Ensemble, ils ont échangé sur le sujet qui préoccupe notre secteur : l’évolution des réseaux de soins et des remboursements différenciés. Et le soir ils étaient plus de 400, au palais des Congrès de Chambéry pour assister à la conférence de l'économiste de la santé Frédéric Bizard sur le thème « Les réseaux de soins, une menace pour la filière santé ».

« Nous sommes tous contents de la façon dont s’est déroulée cette journée. Des opticiens, les présidents des syndicats de médecins et de dentistes, mais aussi le Maire de Chambéry, certains représentants d’Ocam et même des clients ont participé à l’évènement. Nous pensons déjà à le reproduire dans une autre ville de France », nous a confié Didier Rosset, opticien indépendant à Chambéry (73) et co-fondateur de l’Association des Opticiens de Savoie.

Découvrez les témoignages de ces opticiens sans réseaux qui serrent les rangs !

Ludovic Odobez, co-président de l’Association des Opticiens de Savoie

« Avec notre association, nous avons su instaurer un climat de confiance dans notre département et nous retrouvons l’espoir. Grâce à notre union, Christophe Perrin a décidé de ne plus vendre son magasin. Il faut s’écouter pour poursuivre ce projet collectif. Les réseaux de soins tomberont petit à petit si personne ne se porte candidat aux conventionnements. Pour les clients, il suffit de trouver les bons mots pour leur expliquer notre position. En Savoie, nous avons de bons opticiens. Soyons audacieux ! »

Astrid Anquetil, propriétaire de 5 succursales sans enseigne et présidente de la Chambre syndicale des Opticiens du Sud-Ouest

« Du côté des actions, à partir des idées locales, nous souhaitons faire de la publicité au niveau national. Alors que les réseaux prennent petit à petit possession de notre métier, l’objectif est de revaloriser le métier de façon décalée à destination des jeunes. Nous voulons aussi revaloriser les fournisseurs qui sont à l’origine de produits d’exception, alors que les réseaux de soins font tout pour supprimer cette valeur ajoutée ».

André Balbi, propriétaire de 32 magasins en Corse

« En Corse, nous avons 300 000 habitants et sur 73 opticiens, 61 ont rejoint notre syndicat. Le fait de se parler entre confrères permet d'atténuer la peur de l’autre. Nous avons étudié les conditions et les incidences économiques des réseaux de soins avec un expert-comptable. On remarque que si le chiffre d’affaires augmente, le résultat net diminue. Globalement, notre activité n’a pas trop baissé avec l’abandon des réseaux. Il est surtout important de passer du temps avec le client ».

Sylvain Bourgeois, franchisé Générale d’Optique à Aix-les-Bains (73)

« Le plus important est de faire naître la confiance, de se parler. Nous sommes tous du même côté. J’ai vécu un grand moment de solitude quand j’ai posté ma lettre de démission à Santéclair car j’avais peur de sortir des réseaux. Mais aujourd’hui avec le soutien de mes confrères, ça va beaucoup mieux. Je suis détendu quand je reçois mes clients et mon chiffre d’affaires est en augmentation ».

Pascal Raillard, propriétaire de deux magasins (un sous enseigne Grand Optical et un indépendant) et co-fondateur du Syndicat des Opticiens de Corse

« Avant d’être concurrent, le confrère est un homme. Nous sommes tous opticiens et nous rencontrons les mêmes problèmes. Ne plus avoir de réseaux de soins, c’est motivant pour la poursuite du métier ».

Didier Rosset, opticien indépendant à Chambéry (73) et co-fondateur de l’Association des Opticiens de Savoie

 « Le journal, que nous avons tiré à 80 000 exemplaires, a été un premier vecteur commun. Aujourd’hui, je vous invite à inventer d’autres choses. Travaillons ensemble même si nous n’avons pas tous les mêmes motivations et que chacun reste libre d’adhérer ou non à un réseau. A ceux qui nous dirons qu’ils ne pourront pas y arriver, nous répondrons que le modèle de notre association est reproductible. C’est un engagement personnel. Chacun peut y passer 10 à 30 heures par semaine, selon ses disponibilités. Aujourd’hui, le résultat est là : nous voyons les remboursements différenciés tomber en Savoie et les Ocam ont peur que cela se propage ».

drcnathalie_damide_baldji_20151209_7.jpgDe gauche à droite : Ludovic Odobez, Frédéric Bizard et Didier Rosset. 
©Nathalie Damide Baldji 
 
* Groupe All, CDO, Groupe One, Club OpticLibre, Luz et VDO.
** : Essilor, Essor, Hoya, Novacel, Ophtalmic Compagnie, Rodenstock, Zeiss pour les verriers. ADCL Aplus, Eschenbach, Vuillet Vega, Art'Monium pour les lunetiers.