La Haute Autorité de Santé (HAS) vient de publier les très attendues Recommandations de bonne pratique concernant le renouvellement des verres correcteurs par les opticiens. Celles-ci recommandent le respect de certaines modalités pour la mise en oeuvre du décret de 2007. Elles s'adressent aux opticiens comme aux ophtalmologistes, avec pour objectif de faciliter l'accès aux lunettes de vue. Voici leur contenu.

Quand orienter votre client chez l'ophtalmologiste ?

Le décret de 2007 vous autorise à adapter la prescription de vos clients de plus de 16 ans sur la base d'une ordonnance de moins de 3 ans si le médecin ne s'y est pas opposé, s'il a prescrit la première correction pour les patients presbytes et si vous l'informer du changement éventuel de correction. La HAS complète ces obligations légales et vous recommande d'orienter votre client vers l'ophtalmologiste avant de renouveler son équipement dans les cas suivants :
•si l'acuité visuelle n'est pas connue de l'opticien : toute meilleure acuité visuelle corrigée < 10/10 de loin et/ou plus faible que Parinaud 2 de près
•si l'acuité visuelle est connue de l'opticien : toute baisse de la meilleure acuité visuelle corrigée par rapport à la précédente mesure
•modification de la réfraction ≥ 1 dioptrie sur 1 an (cylindre et/ou sphère)
•changement d'axe ≥ 20° chez une personne présentant un astigmatisme ≥ 0,75 dioptrie
•toute création ou modification de la correction prismatique

Si vous orientez le porteur vers l'ophtalmologiste, il est recommandé de remettre à la personne le compte rendu du contrôle de la réfraction (un exemple de compte-rendu est à télécharger sur le site de HAS) en vue de la consultation ophtalmologique. Ce compte-rendu peut être aussi transmis directement à l'ophtalmologiste. Il est recommandé d'en archiver une copie.

Côté ophtalmo, on décide au cas par cas

Les recommandations de la HAS précisent de très nombreuses situations dans lesquelles l'ophtalmologiste peut s'opposer ou limiter dans le temps le renouvellement avec adaptation (mettre « non adaptable » ou « non renouvelable » sur l'ordonnance). Voici leur liste :

•Troubles de la réfraction : myopie ≥ - 6 dioptries et/ou longueur axiale ≥ 26 mm, changement d'axe ≥ 20° en cas d'astigmatisme ≥ 0,75 dioptrie, pour toute amétropie, une modification d'1 dioptrie ou plus en 1 an
•Troubles de la réfraction associés à une pathologie ophtalmologique : glaucome, hypertension intraoculaire isolée, pathologies rétiniennes (dont DMLA, rétinopathie diabétique...), cataracte et autres anomalies cristalliniennes, tumeurs, antécédants de chirurgie réfractive, de traumatismes de l'oeil, anomalie cornéennes, amblyopie bilatérale, diplopie récente et/ou évolutive...
•Troubles de la réfraction associés à une pathologie générale : diabète, maladies auto-immunes, hypertension artérielle mal contrôlée, sida, affections neurologiques à composante oculaire, cancers primitifs de l'oeil...
•Troubles de la réfraction associés à la prise de médicaments au long cours : corticoïdes, antipaludéens de synthèse...

La HAS précise que « cette liste de situations ou circonstances associées n'est ni exhaustive ni impérative et elle ne remplace pas le jugement clinique de l'ophtalmologiste. Celui-ci décide au cas par cas s'il y a lieu de limiter le renouvellement avec éventuelle adaptation en l'expliquant à la personne ». Ainsi, ces recommandations risquent de ne pas limiter, comme certains l'espéraient, le recours aux mentions « non adaptable » ou « non renouvelable » apposées par certains médecins sur les ordonnances.

Rappelons que ces recommandations, comme leur nom l'indique, ne sont pas coercitives. Il est cependant conseillé de les respecter : elles ont la même valeur que les données acquises de la science, et servent généralement de base au juge lors d'éventuels litiges.

Pour accéder à l'intégralité de ces recommandations, cliquez ici.