Contre la pénurie d'ophtalmologistes, un pôle spécialisé né en milieu semi-rural

Comme nous vous l'indiquions dans une news précédente*, le délai moyen en France pour obtenir un rendez-vous chez l'ophtalmologue atteint en moyenne 77 jours. Dans ce contexte, la création d'un pôle ophtalmologique en zone semi-rurale, à Jugon-les-Lacs, apparaît comme une solution d'avenir. A l'origine de l'initiative se trouve l'association Ophtabus qui oeuvre pour la santé visuelle depuis une dizaine d'années, sous la présidence de Sonia Kubrik (photo ci-contre).

Temporairement installé dans d'anciens locaux de la gendarmerie de Jugon-les-Lacs, le « Pôle ophtalmologique Arguenon-Hunaudaye » a ouvert ses portes le 17 février. Pour l'heure, ce cabinet de consultations fonctionne avec un ophtalmologiste de secteur 2, une orthoptiste et une secrétaire. A terme, un bâtiment neuf de 500 m² devrait accueillir dans les mois qui viennent, jusqu'à trois ophtalmologistes, trois orthoptistes et deux secrétaires. Le coût de cette maison médicale est chiffré à 650 000 euros, selon nos confrères de Ouest France.

Sonia Kubrik ajoute que ce pôle a aussi pour vocation de « permettre à de jeunes spécialistes de s'installer dans de bonnes conditions, en mettant à leur disposition un bloc opératoire très performant, où ils pourront exercer à la condition de ne pas pratiquer de dépassements d'honoraires ». Elle insiste sur le développement les examens gratuits par télémédecine que son association propose : « outre le dépistage à distance, qui pallie le manque d'ophtalmologistes, la plateforme CARA, grâce à des algorithmes de rehaussement de l'image, permet d'obtenir des images rétiniennes plus nettes, plus claires et plus faciles à analyser. » Dès lors, un seul cliché pris par un rétinographe suffit pour voir toutes les maladies de la rétine telles que la rétinopathie diabétique, la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), le glaucome, le naevus choroïdien, etc.
« Aujourd'hui, rappelle Sonia Kubrik, ce sont souvent des orthoptistes qui font les clichés dans les cabinets d'ophtalmologie. S'ils disposaient du rétinographe DRS entièrement automatisé, ils pourraient ne transmettre que les clichés qui posent soucis à l'ophtalmologiste, leur faisant gagner un temps considérable. »

La création de ce pôle d'ophtalmologie n'est pas sans rappeler l'une des propositions formulées par la Commission démographie et santé publique du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) et qui préconisait de « favoriser le regroupement des professionnels de la filière sur des plateaux techniques avec des aides financières pérennes ».

*Lire notre news : « Ophtalmologie : 77 jours d'attente en moyenne pour un rendez-vous »