Il pourrait s’agir d’une révolution dans le domaine des lentilles de contact. Depuis 2 ans et demi, des chercheurs du département optique d’IMT Atlantique et du département d’Électronique Flexible du Centre Microélectronique de Provence travaillent à la conception d’un oculomètre destiné à être embarqué dans une lentille de contact sclérale.
Premier système autonome
C’est dans ce cadre qu’ils ont réalisé la première lentille de contact autonome intégrant une micro-batterie flexible. « La problématique du stockage de l’énergie à de petites échelles est un véritable défi », fait savoir Thierry Djenizian,directeur du département d’Électronique Flexible du Centre Microélectronique de Provence.
Cette batterie qui doit être « compacte, légère et souple pour épouser parfaitement la courbure de la lentille » a permis d’alimenter en continu une diode électroluminescente (LED), pendant plusieurs heures. Un partenariat avec le fabricant français de lentilles de contact LCS a été conclu pour l’encapsulation des premiers éléments de ce nouveau type de lentille de contact intelligente (La LED pourra être intégrée sans difficulté dans la lentille de contact, ndlr).
Vers de multiples applications
« Cette première réalisation s’inscrit dans le cadre d’un projet plus vaste et très ambitieux qui vise la création d’une nouvelle génération d’oculomètre liés à l’émergence des casques de réalité augmentée qui ont suscité de nouveaux usages (interface homme-machine, analyse de la charge cognitive...), ouvrant des marchés colossaux, tout en imposant de nouvelles contraintes de précision et d’intégration », affirme Jean-Louis de Bougrenet de la Tocnaye, directeur du département d’optique de l’institut Mines-Télécoms Atlantique à Brest.
Jean-Louis de Bougrenet de la Tocnaye et la lentille de contact connectée
La batterie déjà intégrée dans la lentille viendra compléter et alimenter d’autres fonctions en cours de réalisation à IMT Atlantique, telle que la fonction de communication RF (sans fil) et surtout la fonction de détection optique de la direction du regard. Les applications sont vastes : le domaine de la santé (assistance au geste chirurgical), l’automobile (assistance à la conduite) et concernent le secteur émergent des objets connectés.
Pour rendre transparente la micro-batterie et les interconnexions électriques, les chercheurs souhaitent désormais utiliser le graphène, un matériau doté d’une grande résistance mécanique et chimique. « Ce projet se déclinera à travers de nombreuses collaborations, dont une avec l’Institut de la Vision pour un dispositif d’aide à la vision pour non-voyants », concluent les scientifiques.
L'intérêt de Microsoft
A noter que Microsoft, qui avait développé une lentille de contact mesurant la glycémie a d'ores et déjà manifesté son intérêt. Le géant américain pourrait y investir 2 millions d'euros. L'agence de recherches militaires aux États-unis (Darpa) pointe également le bout de son nez. A suivre.
QUID de la perméabilité à l'oxygène à l'endroit de la LED ?
QUID de la variation de température de cette batterie en contact avec l'oeil ?
QUID de l'impact sur le métabolisme des larmes, de l'oxygénation de la cornée, de la température de l'oeil ?
QUID de la pérennité de la lentille dans le temps ? son entretien ?
QUID de la réduction optique par ce diaphragme en port nocturne ?
QUID de la capacité à compenser une amétropie ?