Le Journal du Net a donné la parole à ses lecteurs au sujet de la vente de lunettes sur le Web, en leur soumettant ces 3 questions : "Auriez-vous assez confiance pour ça ?", "Quels acteurs pourraient selon vous profiter de l'ouverture de ce marché ?" et "Pensez-vous que les opticiens peuvent craindre pour leur profession ?". A ce jour, 16 internautes se sont exprimés, souvent de manière argumentée. Bien entendu, l'échantillon n'est pas suffisant pour être représentatif. Le sondage ne vaut que par les arguments qui y sont développés. Un internaute estime ainsi que les publicités des opticiens gagneraient à présenter la complexité du métier.

Olga se dit prête à acheter ses lunettes sur Internet - "ma vue est stable depuis des années, je connais ma 'pointure'" - et juge qu'"il y aurait de la place pour tout le monde, car rien ne remplace un essayage 'sur le nez'". De même Laurent, qui avoue avoir commandé des lunettes sur un site anglais, considère que la vente en ligne bénéficierait à "tous ceux qui auront compris qu'Internet est un complément, pas un remplacement". Autre cyber-acheteur de lunettes, un certain FA s'imagine déjà "être guidé dans l'ajustage de sa paire de lunette en visioconférence avec son opticien 2.0". Pour Nathanael, qui admet la difficulté de l'essayage en ligne, les clients seraient les grands bénéficiaires car "cela ferait marcher la concurrence et donc baisser les prix". Pour Jean-Paul, la vente en ligne est "techniquement jouable", à condition d'être encadrée par "de solides garanties (satisfait ou remboursé), des références fournisseurs fiables" et motivée par "des avantages prix sensibles (30% de moins)".

Résolument opposé à la vente en ligne, Claude l'est pour plusieurs raisons. "C'est plus compliqué de monter des lunettes que de faire un ourlet de pantalon. Sur le plan esthétique, les lunettes se différencient par des détails infimes, très visibles au réel, mais invisibles en essai virtuel. Sur le plan technique, prendre des mesures et monter des lunettes est un acte nettement plus complexe que ce que nous laissent penser les publicités des opticiens." Selon ce consommateur averti, les opticiens pourraient pâtir de la vente en ligne "s'ils n'arrivent pas à démontrer l'intérêt d'une visite réelle en magasin. Mais ils doivent aussi mettre en ligne des outils permettant de dégrossir le choix sur Internet". Ludivine, qui se définit elle-même comme une "cyber-dépensière", n'achèterait pas davantage ses lunettes sur Internet : "j'en porte depuis assez longtemps pour savoir qu'on achète ses lunettes après les avoir essayées. Après il y a le réglage, le nettoyage... ". Même argument chez Jean-François, pour qui les lunettes "comme toute prothèse nécessitent d'être adaptées". Selon le même, si la vente en ligne porterait atteinte aux opticiens, ces derniers verraient affluer les cyber-acheteurs "qui iront chez eux quand ils auront des problèmes".