En souhaitant redéfinir les rôles respectifs de l’assurance publique et de l’assurance privée par la mise en place de paniers de soins « solidaire » et « individuel », on aurait pu penser que François Fillon allait entamer le déremboursement de l’optique par l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Une mesure largement prônée ces dernières années par la Cour des comptes ou encore le HCAAM (Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie). Mais, il n’en est rien ! Au contraire, le candidat à la Présidentielle 2017 souhaite renforcer la prise en charge de l’optique médicale. Il met fin à la polémique dans une tribune au Figaro.

« Au lieu de regarder les faits, mes détracteurs me soupçonnent de vouloir «privatiser» l'Assurance-maladie et diminuer les remboursements. C'est évidemment faux ! », assure François Fillon en taclant au passage la gauche qui a préféré « oublier que le poids des mutuelles et des assurances personnelles n'a cessé d'augmenter depuis des décennies, y compris dans le cadre des réformes qu'elle a elle-même votées ».

Pour l’ancien premier ministre, « les modalités de la généralisation des complémentaires santé aux seuls salariés ont conduit, dans de nombreux cas, à diminuer les garanties offertes (frais d'optique, soins dentaires, consultations de spécialistes et opérations chirurgicales moins bien remboursées) et à une augmentation des cotisations. Les assurés ne savent plus à quoi ils ont droit et s'interrogent sur les garanties effectives dont ils disposent. Opacité et manque de transparence sont devenus la règle », constate-t-il.

Face à cette situation, il entend « réaffirmer le principe d'universalité dans l'esprit des ordonnances de 1945. L'Assurance-maladie obligatoire et universelle, pilier de la solidarité, doit rester le pivot dans le parcours de soins dont le médecin généraliste est l'acteur clé. Elle continuera à couvrir les soins comme aujourd'hui et même, mieux rembourser des soins qui sont largement à la charge des assurés, comme les soins optiques et dentaires. Il n'est donc pas question de toucher à l'Assurance-maladie et encore moins de la privatiser ».

« Je souhaite assurer le meilleur remboursement pour les patients en plaçant l'Assurance-maladie obligatoire et les organismes complémentaires sous le pilotage d'une agence de régulation et de contrôle dans laquelle seront représentés tous les acteurs du système de santé ainsi que les usagers. Il s'agit d'améliorer la gestion de notre système de protection sociale, précise François Fillon. Il convient, par ailleurs, de responsabiliser chacun en simplifiant les nombreux dispositifs de franchise actuels et le ticket modérateur qui sont un maquis incompréhensible. Cette responsabilisation passe notamment par l'abandon de la généralisation du tiers payant. Assez de bureaucratie et assez de mensonge: la santé a un coût et, au bout du compte, d'une manière ou d'une autre, c'est toujours l'assuré qui paye », affirme-t-il.

Quant aux réseaux de soins et remboursements différenciés, le présidentiable insiste : « Le patient doit pouvoir choisir librement son établissement de soins et son professionnel de santé, ce dernier devant rester maître de ses prescriptions ». Il entend également « garantir un égal accès aux soins pour tous en enrayant la désertification médicale, grâce à la multiplication des maisons médicales, grâce à la revalorisation de la médecine libérale, actuellement découragée par la paperasserie et les charges, grâce aussi à la possibilité donnée aux établissements d'hospitalisation privée de participer aux missions de service public, grâce à une refonte des études médicales, grâce enfin à la télémédecine ».

Pour François Fillon, « ces réformes sont nécessaires car, sans elles, notre système de protection sociale s'affaissera et les premières victimes seront nos concitoyens les plus démunis. Ces réformes se feront dans la concertation avec tous les acteurs », précise-t-il.