Les tarifs ultra-bas annoncés par Blacksheep peuvent surprendre, mais ils correspondent à un modèle totalement différent de celui d’un opticien français. Ce n’est pas la même offre, ni la même responsabilité, ni la même qualité de service que l'optique pratiquée dans l'Hexagone.

Nous avons souhaité en énumérer les principales vertus, pour ceux qui se demandent quelle est la différence entre l'activité d'un opticien en France et celle d'une entreprise low-cost comme Blacksheep.

Vous achetez tout un ensemble de services et d'expertises, pas seulement une monture et deux verres

En magasin, le prix de vente inclut l’examen de vue (la plupart du temps), le conseil personnalisé, l’ajustage, les réparations, le suivi et les garanties. Ces services sont essentiels pour votre confort visuel et votre sécurité, et ils sont assurés par un professionnel diplômé. Blacksheep vend uniquement un produit, sans aucune de ces prestations techniques et humaines. L'opticien français a la capacité de vous réorienter vers un ophtalmologiste si besoin, de vous sensibiliser à des enjeux comme ceux de la myopie de vos enfants, de vous trouver des solutions pour la basse vision, de vous accompagner dans votre pratique sportive, de vous proposer des alternatives avec les lentilles de contact...

Des normes strictes et une qualité supérieure

La filière (fabricants, distributeurs, mutuelles et opticiens) respecte des normes strictes et une traçabilité complète. En France, chaque monture et chaque verre répond à des standards européens exigeants : matériaux hypoallergéniques, filtration UV, précision de correction, contrôle qualité, résistance, durabilité, transparence etc. Les verres progressifs peuvent être individualisés à votre posture, vos usages et votre morphologie, avec un niveau de personnalisation très poussé. Un verre progressif “générique” à 25 € ne peut pas offrir le même niveau de précision, d'autant moins si aucune prise de mesure n'est réalisée.

Un magasin physique coûte cher pour garantir sécurité et sérénité

Loyers, salaires, équipement technique, stocks, entretien, conformité réglementaire… Tout cela permet d’assurer un véritable service performant, près de chez vous, 6 jours sur 7. Ces services, c'est le délai de livraison qui peut être de 24h seulement, mais aussi un diagnostic fiable de vos besoins et une prise de responsabilité en cas de problème. Ou encore, le service spécifiquement français du tiers-payant. Le prix de vente reflète ces engagements et ces services, et non une marge “invisible” comme le laisse entendre Blacksheep depuis ses bureaux à l'autre bout du monde. 

Le système de remboursement français pèse aussi sur les tarifs

Le marché est structuré autour des mutuelles, ce qui a historiquement gonflé les prix affichés. Cela n'explique pas que les lunettes sont “surfacturées”, comme le prétend Blacksheep : cela signifie que l’économie du secteur ne repose pas sur des prix nus comme ceux d’un site web hors système dont les bénéfices partent à l'étranger comme toutes ces sociétés qui ont comme objectif l'ubérisation, et qui se vantent de reproduire le modèle de Shein. 

Par ailleurs, les lunettes pas chères s'appellent aujourd'hui le 100% Santé, 100% produit en Asie également, 100% prises en charge par la Sécu et les mutelles, et 100% remboursées, soit moins cher que Blacksheep, qui n'a finalement rien inventé.

Soutenir la société française et son avenir 

L'histoire et la tradition de l'optique-lunetterie en France sont l'une des plus remarquables du monde. La filière fait travailler aujourd'hui directement et indirectement plus d'une centaine de milliers de personnes en France. Depuis l'immobilier jusqu'au mobilier, depuis les fabricants jusqu'à l'opticien, en passant les complémentaires santé, le développement des logiciels métier et la livraison du dernier kilomètre, la filière de l'optique-lunetterie en France, c'est tout un écosystème qui permet d'investir, d'innover et de proposer toujours plus de services et de produits. De ces activités fleurissent taxes et impôts qui, s'ils sont lourds pour tous les acteurs, servent à financer la société dont le consommateur français bénéficie tous les jours, et peut espérer bénéficier dans l'avenir. 

Pour toutes ces raisons, au-delà de la filière optique, chercher des prix bas "quel qu'en soit le coût" met en péril la pérennité des emplois en France et de notre système de santé. 


Rappelons aussi qu'une entreprise qui propose du buzz éphémère low-cost autour des lunettes low-cost, ce n'est ni la première fois, ni la dernière. La mémoire est souvent courte chez certains confrères des médias généralistes : l'expérience de Sensee en est un bon exemple.