À peine nommé, et avant même d'avoir constitué un gouvernement, le nouveau 1er Ministre Sébastien Lecornu s'est précipité à Mâcon (71) le 13 septembre pour annoncer la création d’ici 2027 d’un vaste réseau de 5 000 maisons « France Santé », sans n'avoir consulté aucune profession concernée, ni syndicat.
Les maisons France Santé, il en existait déjà 2 500 fin 2023, d'après un décompte du ministère de la Santé. 
Inspirées du modèle des maisons « France Services », elles devront garantir à chaque Français une offre de soins de proximité, accessible en moins de 30 minutes de chez lui. Cette mesure sera inscrite au PLFSS pour 2026, a annoncé le 1er ministre. 


D'abord les annonces, ensuite le dialogue

Pour Lecornu, l’accès aux soins est une « préoccupation majeure, absolue » qui ne saurait attendre l’échéance présidentielle de 2027. Il recevra prochainement les représentants des professions de santé pour engager le dialogue. Son prédécesseur Bayrou avait tenté de répondre aux déserts médicaux en mobilisant des généralistes volontaires pour des permanences mensuelles, un dispositif lancé partiellement depuis le 1er septembre. 

Des doutes quant à la faisabilité du projet

L’annonce suscite toutefois scepticisme et interrogations. Michel Fournier, président des maires ruraux de France, salue la priorité donnée à la santé mais doute de l’efficacité du projet : « Le problème n’est pas le bâti, mais les médecins et les infirmières pour faire vivre ces structures ». Il évoque la fatigue des praticiens actuels et la nécessité, peut-être, de recourir à des ressources venues de l’étranger.

Même prudence du côté du syndicat MG France. Selon son secrétaire général adjoint, Jean-Christophe Nogrette, chaque maison nécessiterait au moins deux médecins, soit 10 000 professionnels supplémentaires à recruter : « Où va-t-on les trouver ? », s’interroge-t-il, regrettant de ne pas avoir été consulté.

Des discours, peu d'actes

Les gouvernements Macron qui se sont succédés évoquent souvent leur priorité à fluidifier l'accès aux soins, sans y parvenir. Dans notre filière, malgré les annonces concernant la délégation de tâches vers les professions paramédicales comme les opticiens, rien ne se passe. Sans doute est-il aussi envisageable de réformer le BTS-OL, pour améliorer l'accès aux soins, comme le gouvernement s'y était engagé il y a des années.

Mais peut-être faut-il commencer par avoir un (nouveau) ministre de la Santé ? Ce ne serait que le 8e depuis mai 2022 (dont 2 fois Catherine Vautrin).