Quelques jours après la condamnation des laboratoires Roche et Novartis en Italie, accusés d'avoir conclu un accord illicite sur la vente du médicament Avastin*, Marisol Touraine souhaite autoriser la prescription de ce traitement en ophtalmologie. Notre ministre de la Santé a confirmé samedi avoir transmis au Conseil d'Etat un projet de décret pour permettre son utilisation dans le cadre de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).
Ne bénéficiant pas d'autorisation de mise sur le marché pour cette indication, la prescription du médicament en ophtalmologie est interdite en France depuis 2012. Cette restriction faisait suite à des cas d'infection de l'oeil constatés aux Etats-Unis après une mauvaise préparation du médicament. Cependant, l'Avastin, distribué par le laboratoire Roche, coûte trente fois moins cher que le Lucentis, fabriqué par Novartis et actuellement prescrit en France pour les cas de DMLA. Remboursé à 100%, l'utilisation du Lucentis aurait coûté 438 millions d'euros à l'Assurance Maladie rien qu'en 2013. L'autorité italienne de la concurrence a récemment condamné les laboratoires Novartis et Roche pour avoir conclu un accord afin d'éviter la distribution de l'Avastin, au profit du Lucentis. Les laboratoires suisses auraient présenté l'Avastin comme un produit plus dangereux auprès des médecins et des services sanitaires.
Toutefois, une étude indépendante financée par le Ministère de la santé et l'Assurance Maladie a démontré que l'efficacité de l'Avastin était équivalente à celle du Lucentis. Alors que le gouvernement s'est engagé à réaliser des coupes budgétaires à hauteur de 50 milliards d'euros sur les dépenses publiques, une telle autorisation lui permettrait de réaliser des économies conséquentes.