Alors que le Gouvernement n'a de cesse de s'attaquer aux prix de l'optique et que les protocoles de coopération peinent à se mettre en place, il semble que le renoncement aux soins soit moins dû aux coûts qu'aux délais d'attente dans les cabinets de spécialiste. Avec une moyenne de 111 jours pour obtenir un rendez-vous avec un ophtalmologiste, soit plus de trois mois et demi, 64% des patients confient avoir déjà renoncé à se soigner car « il est difficile d’obtenir un rendez-vous dans un délai suffisamment rapide ». Face à cela, 46% des Français citent comme cause principale le coût de la consultation et 32% l'éloignement géographique.

Les délais d'attente en ophtalmologie augmentent ... encore !

Selon les résultats de cette enquête Ifop pour Jalma, relayée ce matin par Les Echos, les délais d’attente en cabinet d’ophtalmologie se sont encore allongés de sept jours en deux ans. « Pis encore, 29% des personnes sondées ont attendu plus de six mois pour avoir leur rendez-vous », soulignent nos confrères du quotidien économique. Des données inquiètantes quand on sait qu’un salarié, qui n'a pas eu d'examen de vue, va coûter à la fin de l'année 62% plus cher à son employeur que celui qui a pu consulter. Ainsi, pour Mathias Matallah du cabinet Jalma, « le vrai problème de l'accès aux soins, ce ne sont pas les dépassements d'honoraires mais le temps d'attente. Au contraire, dans les régions où les dépassements sont mal vus, comme le Grand Ouest et le Sud-Ouest, il n'y a plus d'ophtalmologues. La possibilité de dépasser est capitale quand vous devez investir 1 million d'euros pour monter votre cabinet, alors que vous avez les mêmes tarifs de base que le cardiologue, qui a besoin de beaucoup moins d'investissements », continue-t-il. 

Le vieillissement de la population inquiète

Rappelons que le vieillissement de la population va devenir un des principaux défis pour les systèmes de santé de demain. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a sonné l'alarme, il y a quelques jours, en soulignant que le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans en 2020 dépassera le nombre d'enfants de moins de cinq ans. D'ici à 2050, la planète comptera plus de 2 milliards de seniors, soit une personne sur 5, contre 841 millions aujourd'hui. Ainsi, le nombre de personnes atteintes de troubles de la vision va considérablement augmenter. Selon un dossier publié dans Science et Vie au début de l'année, les personnes touchées par la DMLA vont doubler (3 millions d'ici 2020), plus de 5 millions d'individus seront sujets à la cataracte et environ 2 millions au glaucome. Les troubles de la réfraction, tels que la myopie, vont eux augmenter de 14%.

Le Gouvernement a-t-il la bonne solution ? 

Depuis le début de l’année, plusieurs parlementaires se sont ainsi inquiétés de l’accès aux soins visuels dans leurs circonscriptions. Interpellant le ministère de la santé sur la possibilité de reconnaître l’optométrie, le Gouvernement a quant à lui décidé d’une autre stratégie. Comme nous l'avons déjà évoqué, Marisol Touraine a clairement affiché sa volonté d’élaborer un plan de santé visuelle avec l'ensemble des acteurs, pour accéler le développement des protocoles de coopération entre ophtalmologistes, orthoptistes et opticiens. Un projet de loi a d'ailleurs été déposé le 15 octobre dernier et sera examiné au début de l'année 2015.