Une enquête par "testing" menée par trois associations de patients révèle que 22% des médecins spécialistes de secteur 2 (honoraires libres) refusent de soigner les patients bénéficiant de la CMU (Couverture maladie universelle). A l'initiative du CISS (Collectif associatif pour la santé), de la FNATH (Association des accidentés de la vie) et de l'UNAF (Union nationale des associations familiales), 466 médecins ont été interrogés dans 10 villes et 3 arrondissements parisiens.
Parmi les 95 ophtalmologistes interrogés, 81% ont accepté les patients CMU, 3% l'ont fait sous condition et 16% les ont refusés. Seuls les ORL et les pneumologues affichent un taux d'acceptation supérieur, avec respectivement 88% et 100%. A l'opposé, les psychiatres (41% de refus), les gynécologues (25%) ou les cardiologues (19%) se sont montrés moins consciencieux.

L'enquête montre également de fortes disparités selon les villes ou les arrondissements dans le cas de Paris (du 7ème huppé au 18ème davantage populaire). Toutes spécialités confondues, c'est à Paris que le taux de refus est le plus élevé avec 50%, suivi de Marseille, Lille, Rouen et Poitiers avec des taux supérieurs à 20%. Les mêmes disparités se retrouvent en ophtalmologie.

Les 3 associations ont dévoilé ce nouveau "testing" au moment où le Sénat examine la loi "Hôpital, patients, santé, territoire". Au vu de l'enquête, les associations demandent aux sénateurs de réintroduire la possibilité pour l'assurance maladie de "tester" et de sanctionner les médecins en cas de refus de soin. La commission des affaires sociales du Sénat avait supprimé cette disposition de la loi HPST.
Pour Michel Chassang, Président de la CSMF (Confédération des syndicats de médecins libéraux), "si quelqu'un fait état de sa condition sociale pour obtenir un rendez-vous, le médecin se dit surtout qu'il est tombé sur un casse-pieds". Dans la pratique, très peu de personnes se présentent d'emblée comme bénéficiaires de la CMU. Le "testing" surévaluerait donc le nombre de refus, poursuit Michel Chassang, qui dénonce une "croisade anti-médecins".