Les Français ne font pas confiance à Internet lorsqu'il s'agit de leur santé ! Si le secteur de l’e-commerce a de quoi séduire, avec un chiffre d’affaires de 57 milliards d’euros selon les chiffres présentés le 27 janvier par la Fevad (Fédération e-commerce et vente à distance), en optique les ventes peinent à décoller. Un phénomène qui touche aussi le secteur de la pharmacie, où la législation est pourtant plus stricte : la vente en ligne de 4 000 médicaments sans ordonnance est autorisée pour les seules officines physiques, depuis juillet 2013.

Aussi, une étude récente de Celtipharm pour l’Afipa démontre que le chiffre d‘affaires moyen annuel pour tous les sites web vendant du médicament s’établit à 65 000 euros en 2014. Sur 100 ventes, 49 concernent des produits d’hygiène et de cosmétologie quand seulement 8 sont destinées à l’automédication, alors même que les plateformes sont directement rattachées à une pharmacie traditionnelle. Et cela ne risque pas de changer dans les mois à venir : l’étude prospective évaluant les ventes pour 2015, réalisée par CSA, révèle que seulement 8% des e-consommateurs interrogés se disent prêts à acheter en ligne des médicaments sans prescription. Ils sont encore moins nombreux (7%) quand il s’agit des lunettes et/ou des lentilles.

Ces chiffres prouvent ainsi que les Français font beaucoup plus confiance à leur pharmacien ou à leur opticien qu’à un site Internet lorsqu’il s’agit de produits pharmaceutiques et de santé visuelle. Ce phénomène pousse d’ailleurs dans notre secteur, les plateformes pure players à changer de stratégie pour adopter un modèle drive to store. Warby Parker, site e-optique de référence en Amérique de Nord, Mister Spex en Europe ou encore plus récemment d’evioo en France, ces exemples sont le signe que la révolution numérique dans l’optique ne pourra s’opérer qu’à travers une complémentarité entre magasins physiques et plateformes digitales. Et alors que Marc Simoncini confessait en décembre dernier n’avoir toujours pas vendu une seule paire de lunettes en trois ans, le créateur de sensee.com pourrait lui aussi se tourner vers un réseau de points de vente.

Mais la santé semble un secteur à part car la toile continuera à prendre toujours plus de place dans la vie des Français qui dépenseront chacun en moyenne 1 002 euros en ligne cette année, selon une enquête RetailMeNot.Inc. Les raisons de cette exception ? Sur le Moniteur de Pharmacies, les commentaires des professionnels de santé pointent du doigt le manque de fiabilité des sites Internet. Laurent Fabius a d’ailleurs décidé de se pencher sur ce problème de contrefaçon. Le ministre des Affaires étrangères a déposé un projet de loi au début du mois de janvier pour lutter contre le trafic des produits de santé sur Internet.