Vous êtes (aussi) responsables du renoncement aux soins, selon E. Caniard (Mutualité Française)

Suite à l'étude Ipsos-Krys dont nous vous parlions ce mercredi matin (lire aussi*), le président de la Mutualité Française, Etienne Caniard, a réagi à deux reprises, d'abord dans l'édition du Parisien d'aujourd'hui puis au micro d'« Europe Midi ». Pour lui, « il y a deux particularités françaises qui fondent le mal : d'une part notre incapacité à maîtriser l'offre de soins en matière d'ophtalmologues (dépassements d'honoraires, rendez-vous très difficiles à obtenir dans un délai raisonnable), et d'autre part notre problème récurrent de prix des lunettes. »

Les opticiens toujours en ligne de mire

Face au fléau du renoncement aux soins qui touche 2 millions de Français actuellement, Etienne Caniard a d'abord critiqué notre système de remboursement en optique et dentaire, rappelant qu'il s'agit des dépenses les moins bien prises en charge par la Sécurité sociale : « 18% pour les prothèses et seulement 4% en optique ».
Très offensif contre notre profession, le patron de la Mutualité Française a toutefois affirmé qu'il ne s'agissait pas de l'unique explication, car « parallèlement à cela, le prix des lunettes en France est en moyenne 50% plus cher qu'en Allemagne ».
En cause selon lui, le nombre trop élevé de magasins d'optique : « en dix ans, a-t-il souligné, leur nombre a doublé ! Et au lieu de faire jouer une saine concurrence, l'excès d'offres a fait s'envoler les prix. » Et de préciser que « pour amortir le coût de l'ouverture de tous ces magasins, les enseignes augmentent leurs prix ».

Pour une régulation du marché de l'optique par les réseaux

Reprenant les pistes retenues par le Gouvernement (lire aussi : Réguler l'optique via les réseaux et interdire les remboursements des dépenses injustifiées), l'homme fort de la Mutualité Française a finalement vanté les mérites du conventionnement, seule solution à l'en croire pour que les « Français en difficulté [puissent] s'acheter une paire de lunettes de qualité au juste prix ».
« Il faut en effet trouver une contractualisation entre les opticiens et ceux qui financent les lunettes, a-t-il jugé, parce que nous avons tous fait l'expérience d'un opticien chez qui nous nous sommes rendus et qui nous demande quel est le montant de remboursement de notre mutuelle afin, ensuite, d'ajuster le prix de vente en fonction. Donc plus les mutuelles font des efforts plus les prix augmentent, or cela ne règle pas le problème des Français. »
Interrogé par une auditrice d'Europe 1 sur l'écart de prix constaté dans une grande enseigne par rapport à un indépendant, Etienne Caniard a rappelé « qu'il est possible de vendre des lunettes moins chères, mais il faut comparer à qualité égale. Car il y a parfois, dans certains réseaux d'opticiens, des verres qui ne sont pas de qualité optimale et qui pourraient expliquer ces prix. Cela étant, ce n'est pas au consommateur de faire ce tri, puisqu'il ne dispose pas des informations nécessaires. Il faut d'après moi, réguler le marché et passer des conventions avec toutes les grandes enseignes, qui traduirait un accord sur les prix, la qualité et l'information livrée aux porteurs ».

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