La greffe de tissu issu du placenta est une technique désormais bien établie. Elle ouvre la voie à de nombreuses applications médicales, notamment dans les cas de leucémie, lymphome, myélome, et également lors de la réparation des cornées détruites ou abîmées par des virus, des maladies chroniques ou des projections de produit chimique...
Il faut au départ, un don de placenta obtenu lors d'une césarienne, puisque ce prélèvement doit être réalisé dans des conditions d'asepties strictes pour éviter tout risque d'infection. Ce qu'un accouchement par voies naturelles ne peut offrir. Ensuite, le matériau biologique est traité comme n'importe quel autre organe voué à une greffe : maintien dans un liquide de conservation spécial, avec protections multiples et glace réfrigérante (à -80°C).

Pas de problème de rejet

Ce n'est qu'au terme de 24 heures de traitement antibiotique que la membrane prélevée devient véritablement un greffon utilisable en chirurgie ophtalmologique. Seule la partie foetale sera conservée. Tout l'intérêt de la méthode se résume ici, dans les cellules qui composent le placenta et forment une sorte de pansement ultra cicatrisant pour les cornées abîmées, sans le moindre risque de rejet.
Dans le détail, cette membrane translucide d'un dixième de millimètre d'épaisseur est posée et fixée sur la cornée par des points de suture microscopiques. La fusion est rendue possible, du fait que ces tissus sont quasiment identiques à ceux de la conjonctive, en particulier concernant le collagène et la laminine. Mais la membrane amniotique comporte aussi des facteurs de croissance d'origine embryonnaire qui stimulent la cicatrisation. Une fois qu'elle a servi, elle se désagrège. Elle agit ainsi comme un déclencheur poussant les cellules du receveur à cicatriser naturellement.
Cette technique permet de compenser la pénurie de greffons de cornée, aussi bien pour les personnes souffrant d'ulcères cornéens que pour les victimes d'accidents chimiques ou de maladies, environ 500 cas par an en France (chiffres 2007).