Dans une tribune dans Le Cercle des Echos, la président de l'Asnav, Bertrand Roy, estime que « la santé visuelle des Français est la grande oubliée des débats en cours sur le projet de loi consommation relatifs au secteur de l'optique. Qui n'est pas confronté à un problème visuel grave, n'a pas conscience de l'importance, de la chance et de la nécessité, de pouvoir bien voir, écrit-il. Alors que 1 139 000 de Français souffrent d'un handicap visuel grave, handicapant leur vie quotidienne, 20% de la population française a un défaut visuel non ou mal corrigé... »

« Et pourtant... Une bonne vue n'est pas un luxe, c'est une fonction élémentaire... Que ce soit pour l'apprentissage à l'école, pour la sécurité au volant, dans la vie quotidienne au domicile ou encore au travail. Nos concitoyens, selon le Baromètre 2013 de la santé visuelle de l'AsnaV, n'ont pas entièrement conscience des risques et dangers auxquels ils s'exposent en n'adoptant pas une pratique régulière de prévention en matière de santé visuelle. Soit... Est-ce une raison pour démédicaliser l'accès aux équipements et aux traitements liés à la vue, ce qui consiste à assimiler la correction d'un défaut visuel à un simple bien de consommation ? Qu'il s'agisse de lunettes ou de lentilles (avec leurs solutions de nettoyage) ou d'acte chirurgical, la correction de la vision relève d'un dispositif médical (au sens médical et juridique du terme) afin d'apporter un soin au patient et à garantir sa sécurité », souligne Bertrand Roy.

Le Gouvernement argumente qu'à travers des mesures consuméristes, 1 milliard d'euros de pouvoir d'achat serait « rendu » à nos concitoyens. Pour l'Asnav, « d'autres leviers existent pour faciliter l'accès aux soins sans mettre en danger la santé des Français. Par exemple....une mesure simple et juste...l'application d'un taux de TVA à 5,5% sur les équipements de correction visuelle, comme cela est le cas pour la quasi-totalité des dispositifs médicaux, permettrait un impact de 700 millions d'euros de pouvoir d'achat. Le calcul partial du gouvernement ne prend pas en compte :
• Le fait que 92 % des Français sont couverts par une complémentaire, qui de facto seront les principaux bénéficiaires de ce « soit disant cadeau » consumériste, sans contrepartie réelle et tangible pour le consommateur final.
• l'impact économique du « mal voir » : l''impact économique de la perte de productivité due à une mauvaise vision est évalué à 2 milliards d'euros par an ».

« Ces décisions dépassent le cadre strict de la santé... un véritable sujet de société, continue le président de l'association. Favoriser l'éducation des plus jeunes en assurant les conditions optimales pour l'apprentissage de la lecture et la concentration , anticiper et accompagner les défis que la vie moderne impose au système visuel et enrayer l'augmentation de la prévalence de la myopie , sécuriser la circulation automobile en ville avec des contrôles réguliers des capacités visuelles, diminuer les accidents domestiques...les enjeux liés à la vue sont multiples et parfois même vitaux. Il serait bon que les pouvoirs publics prennent conscience de cette réalité avant de bouleverser à la hâte une filière professionnelle, au détriment de la santé visuelle de nos concitoyens ».

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