En dépit de l'éclaircie que pouvait représenter l'annonce ce matin d'une prise en charge limitée à 450 euros maximum*, les industriels de notre secteur réunis sous la houlette du Gifo** viennent de nous indiquer qu'ils restaient « très inquiets des graves conséquences sanitaires, économiques et industrielles du projet du ministère de la Santé » 
Ils admettent qu'il s'agit bel et bien d'« un premier pas qui n'apparaît toutefois pas à la hauteur des enjeux de la filière optique », jugent-ils. Ils n'y voient « pour l'instant qu'un artifice de communication puisque seule la dégressivité du remboursement des verres a été totalement écartée ». 

Ils estiment que « si ces niveaux restent insuffisants pour les montures comme pour les verres, les dangers viennent avant tout de l'esprit et de la mécanique de ces contrats, dont le caractère solidaire et responsable ne se retrouvera bientôt plus que dans leur appellation ». « Quel que soit le secteur d'activité, quel que soit le pays, à chaque fois que des Etats ont eu recours à un plafonnement arbitraire, rappellent-ils, cela s'est toujours traduit par une descente en gamme et un effondrement de la qualité. » 
Une qualité loin d'être garantie selon les membres du Gifo qui martèlent une nouvelle fois que « les équipements optiques sont des produits de santé adaptés, choisis, qui doivent être conformes aux obligations et contrôlés », ce qui « n'est toujours pas garanti dans la nouvelle formulation du gouvernement », insistent-ils. Ces derniers préconisent d'une part l'emploi de l'expression "fortes corrections" pour évoquer les verres dits "complexes" [vs "simples"] dans les textes de lois actuellement rédigé, et d'autre part, une meilleure prise en compte pour les fortes corrections afin que le porteur puisse choisir des verres amincis. 

« L'articulation entre la complémentaire santé généralisée [à cause de la complémentaire santé généralisée par l'Accord national interprofessionnel (Ani)], les plafonds et les prix limites de vente pratiqués par certaines mutuelles privées ne semble pas davantage étudiée », constatent-ils, tout en précisant que « leur application combinée risque de faire disparaître du marché des pans entiers de produits, et en premier lieu les plus innovants, les plus qualitatifs et ceux fabriqués en France. » 
L'économie pour la collectivité serait également dérisoire selon le Gifo qui explique que le remboursement de la sécurité sociale étant très faible, de l'ordre de 5%, « on crée un système qui va aboutir à la fermeture des outils de production des entreprises et à la dégradation de l'accès aux soins des Français. » « Demain, pronostiquent les industriels, l'assuré ne choisira plus sa mutuelle [à cause de la complémentaire santé généralisée par l'Accord national interprofessionnel (Ani)], son niveau de remboursement optique (plafond, absence de plancher), son opticien et ses équipements d'optique (réseaux de soins). » 

Au total, les industriels de l'optique demandent « des conditions de concurrence équitable et l'accès à leur marché domestique. » Ils ont transmis au gouvernement des propositions visant « à garantir la liberté de choix et de reste à charge des assurés y consentant, à améliorer les conditions de la prise en charge (reportabilité et cumul des forfaits non utilisés, forfait pour les fortes corrections, etc.) et à garantir la qualité des produits délivrés. » 

*Lire notre News « Plafonnement des remboursements : de nouveaux montants se profilent d'ici 2018 » 

**Le Groupement des Industriels et Fabricants de l'Optique (Gifo) est l'organisation représentative des industriels de l'optique en France : fabricants de verres ophtalmiques, de montures de lunettes, de lentilles de contact, de composants, d'équipements d'optique et de photonique.