En février dernier, la FDA (Food & Drug Administration), qui régit aux Etats-Unis la distribution des médicaments et les procédures médicales, a décidé de lancer une vaste étude sur les effets secondaires de la chirurgie réfractive, après avoir constaté plusieurs cas de dépression, voire de suicides, chez des personnes ayant eu recours à cette pratique (voir news en relation du 14/02/2008).

Après avoir écouté les déclarations de nombreux patients, la FDA a souligné, dans une récente recommandation, que la chirurgie réfractive n'est pas dénuée de risques : sécheresse oculaire, vision double... peuvent survenir après l'intervention, altérant parfois considérablement la qualité de vie de la personne opérée.

La FDA demande ainsi aux praticiens de mieux informer les candidats à l'abandon de lunettes, en leur faisant visualiser des photographies illustrant les différents troubles visuels - éblouissement, incapacité de conduire la nuit... - susceptibles d'apparaître à l'issue de la chirurgie. Elle réclame également une mise en garde systématique sur le syndrome d'oeil sec, observé dans 48% des cas, et un avertissement spécifique pour les myopes, qui sont nombreux à devoir corriger à nouveau leur vue quelques années après l'opération. Elle recommande enfin, sur les patients susceptibles de complications physiologiques ou psychologiques (jeunes, état dépressif...), de n'opérer dans un premier temps qu'un seul oeil, en équipant le second d'une lentille de contact, afin de s'assurer de l'innocuité de l'intervention. Une législation comportant davantage de précisions devrait voir le jour d'ici 2009.

En écho aux avertissements américains, le Canada se penche également sur les complications liées à la chirurgie réfractive, et met en cause les stratégies marketing déployées par les cliniques pour inciter les amétropes à se faire opérer. "Certains confrères annoncent comme au Bon Marché. On est perçus comme des vendeurs" regrette le Docteur Michel Podtenev, membre de l'Association des Ophtalmologistes du Québec.
Pour légiférer les opérations de communication relatives à la chirurgie réfractive, l'Ordre des médecins québécois a mis sur pied un comité d'étude, qui révèlera ses conclusions cette année. "Il devrait y avoir un encadrement serré de cette pratique, car les médecins sont en conflit d'intérêts : plus ils arrivent à convaincre des patients de se faire opérer, plus ils font de l'argent" dénonce le Centre de Médecine, d'Ethique et de Droit. Le rapport devrait déboucher, comme aux Etats-Unis, sur une obligation de mieux informer les clients sur les risques, de mieux connaître leurs motivations et de les obliger à un délai de réflexion avant de donner leur consentement définitif.