Les ophtalmologistes et les orthoptistes sont appelés à coopérer davantage dans le Nord - Pas-de-Calais. L'Agence régionale de santé (ARS) vient de signer un premier arrêté d'autorisation de protocole entre un ophtalmologiste et un orthoptiste lillois. Une manière de répondre au manque de spécialistes tout en réduisant le délai de prise en charge des patients. « Le Nord -Pas-de-Calais fait partie des quatre régions, avec la Picardie, la Champagne-Ardenne et la Franche Comté, dont la démographie des ophtalmologistes est la plus faible de France. Le délai d'attente avant un rendez-vous varie de 6 mois à un an selon les territoires. Ce protocole répond efficacement à ce besoin » , explique Daniel Lenoir, directeur général de l'ARS. Il permet en effet à l'ophtalmologiste de transférer à l'orthoptiste la prescription médicaledes actes dispensés par ce dernier : la mesure de l'acuité visuelle, la tonométrie de l'air, la mesure de réfraction, la photographie couleur non mydriatique du fond d'oeil, du champ visuel automatisé, de la vision des couleurs et de la réalisation de la tomographie par cohérence optique. L'ophtalmologiste intervient dans un second temps afin d'effectuer un examen plus approfondi, avec davantage de temps à consacrer à la prise en charge de la pathologie oculaire.

Du côté des professionnels, le docteur Régis Declerck, représentant dans la région du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof), s'inquiète de ce transfert d'activité à de non-médecins. Quant au protocole, il ne voit pas très bien ce qu'il va apporter. « Le travail aidé, entre un ophtalmologiste et un orthoptiste salarié du cabinet médical, existe depuis plusieurs années. Le problème, c'est que les ophtalmologistes du secteur 1, sans honoraires libres, n'ont pas les moyens de le pratiquer », regrette-t-il auprès de nordeclair.fr.

Le Syndicat national autonome des orthoptistes (SNAO) nous a confié « être très content de cette grande avancée. C'est ce que nous essayons de promouvoir depuis longtemps, nous a expliqué Laurent Mylstain, son président. Concrètement, cela ne change rien en termes de sécurité pour le patient. C'est notre statut qui n'est pas le même : un orthoptiste libéral travaillant avec un ophtalmologiste libéral. Nous voulons apporter une aide à la filière visuelle et à terme devenir des médicaux à compétences définies. Si ce protocole est validé dans un an, nous pouvons espérer l'étendre à d'autres régions ».

A ce jour, nous n'avons pas connaissance de la mise en place d'un tel protocole entre ophtalmologistes et opticiens.